Pour avoir été dans les années 90 à la tête du groupe noisy Prohibition et son post-hardcore tendance fugazienne ou pour avoir navigué la décennie suivante dans les eaux troubles de la kraut-electro-pop au sein du trio NLF3, Nicolas Laureau est clairement devenu l'une des valeurs sûres de la scène indie-rock française. Il le prouve également avec Don Nino, projet solo dans lequel l'artiste s'adonne paisiblement - 6 albums depuis 2001 - à l'écriture de compositions nourries d'influences aussi diverses que celles déjà évoquées mais privilégiant toutefois le format chanson de poche et un certain sens de l'économie lo-fi, se limitant parfois à un simple dépouillement folk comme sur l'excellent On The Bright Scale de 2004.
On retrouve aujourd'hui le parisien avec un nouvel album gagnant une certaine densité de "groupe" puisque l'on retrouve quelques anciens compagnons d'armes de l'époque Prohibition tels que le batteur Ludovic Morillon ou le saxophoniste Quentin Rollet. Composé et enregistré en grande partie lors d'une trève estivale dans la campagne normande, Rhapsody for the Dead Butterflies est un album marqué par la question de l'Anthropocène, soit de l'impact de l'Homme sur l'écosystème terrestre. Cette thématique donne au disque des atours sombres : les basses sont vrombissantes, les guitares sont électriques et dissonantes, la voix est parfois plaintive et les chansons prennent la forme de ritournelles hypnotiques dansant sur des cendres.
