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Florilège musicopathe

: #8 Daydreaming (partie 1)



Pas de pannes d'oreiller chez dMute, voici la première partie d'un florilège qui aura la tête dans les nuages et s'intéressera à quelques albums oniriques de cette année, chacun à leur manière

William Basinski - Cascade (2062)

Le compositeur américain revient avec un nouvel album suivant le même système de boucles à base de bandes magnétiques, système dans lequel Basinski œuvre depuis sa fameuse série des Disintegration Loops. Dans cette composition unique de 40 minutes, les tonalités d'un piano lointain et mélancolique viennent créer de lentes vagues venant se déposer sur une plage abstraite avec le mécanisme du mouvement perpétuel. Se joue alors des variations infimes entre ces vagues étant d'une part toujours identiques et d'autre part jamais les mêmes. Cascade rappelle aussi le travail de Tim Hecker sur Piano Drop, titre qui irait par ailleurs à merveille à cette matière sonore que livre ici le compositeur: une coulée de piano, douce et incessante. Infinie. William Basinski propose ainsi un bel album ambient obéissant à des forces invisibles que l'on pourrait imaginer gravitationnelles, et offre un voyage immersif visant rien de moins que l'éternité.

Øe - Unseed (Arboretum)

Nous savons peu de choses à propos de Fabio Perletta si ce n'est qu'il opère dans quelques domaines convergeant tous vers le design: design graphique mais surtout design musical via des installations et autres habillages sonores. Unseed est son second album sous l'alias Øe. En 5 pièces oniriques, l'italien déploie un savoir faire indéniable pour ce qui est de composer des nappes planantes convoquant aussi bien le field recording que l'ambient ouaté de certains artistes hébergés sur le label 12k tel Illuha. De légères touches électroniques viennent également se greffer à l'ensemble, enrobant le style easy-listening des compositions d' Øe de grésillements glitch et de sensations poreuses venant apporter de la profondeur et du relief à des morceaux qui aurait pu manquer de textures. Le nom de Fabio Perletta est en tout cas à retenir pour les doux rêves éveillés que ce dernier proposera on l'espère à l'avenir.

Valet - Nature (Kranky)

Le shoegaze est de retour et ça n'aura échappé à personne. Il y a eu la reformation d'anciens groupes cultes affiliés au courant (My Bloody Valentine, Slowdive, Ride), il y a eu une nouvelle scène revival contribuant à faire perdurer le genre du mieux qu'elle peut (les derniers albums décevants de Beach House ou de Daughter), puis il y a ces artistes ambients y piochant depuis quelques années ce goût prononcé pour les guitares électriques et plurielles (Lawrence English l'année dernière, Noveller cette année). Difficile parfois de s'y retrouver dans cet amas flou mais quelques modestes perles viennent parfois pointer le bout de leur nez sans crier gare. Avec son morceau d'introduction rappelant les géniaux Pale Saints, Valet (aka Honey Owens) plante le décor et appelle d'emblée à notre souvenir les belles références du genre des 90's comme autant de madeleines de Proust. On pensera aussi à Broadcast et à la regrettée Trish Keenan, la chanteuse américaine devenant le temps de la belle chanson éponyme une sorte de reflet fantomatique. Convoquer les fantômes du passé, la musique et l'art en général ne fait souvent que ça, et le genre ouaté du shoegazing sait donner un bel écrin à ce sentiment persistant.

Ken Camden - Dream Memory (Kranky)

Ça se passe encore sur le label Kranky qui décidément, entre les albums de Disappears, de Benoît Pioulard et donc de Valet, est loin d'avoir loupé son année pour l'instant. Le guitariste Ken Camden propose avec Dream Memory un trip cosmique et kosmische, ce fameux courant psychédélique et électronique allemand de la fin des 70's qui, via des groupes comme Emeralds (et Mark McGuire) ou Bitchin Bajas, a aussi eu droit à sa scène revival, aussi confidentielle soit-elle. Guitares et synthétiseurs rétro-futuristes sont ainsi remis au goût du jour à travers une poignée de compositions vintage semblant léviter sur un tapis volant multicolore, porté sur certains morceaux par un choeur de voix cristallines. Certes on est jamais à l'abri de tomber dans un délire new-age de bas étage mais Ken Camden sait y faire et livre ici une réussite qui saura accompagner nos songes de moutons électriques.



par Romain
le 05/10/2015

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