Des gestes fondateurs ponctuent l'histoire de la musique, certains, soumis à débat ou non, constituant de véritables bons en avant, d'autres relevant de la simple usurpation médiatique.
A l'échelle du temps (celui de la pop en l'occurrence), l'un de ces "gestes fondateurs" ne remontent à pas aussi loin que ça. Rien de véritablement spectaculaire qui plus est dans la manière avec laquelle le duo Silver Apples en 1968 débarrasse la musique psychédélique américaine des guitares électriques pour les remplacer par une batterie d'oscillators.
Et pourtant, en faisant table rase du signe le plus manifeste de la musique rock, le bricoleur Simeon et le batteur Dany Taylor ont fait basculer leur époque dans une nouvelle ère, pas seulement en préfigurant ce que deviendrait la musique électronique, mais en participant (parmi d'autres) à envisager un pont entre les musiques savantes et la musiques pop, et à joindre la fascination pour la machine à la recherche d'une nouvelle religiosité pour un monde débarrassé de Dieu et dansant au bord du gouffre.
Oscillation, le titre qui introduit l'album éponyme, l'album clé de Silver Apples, vaut d'être (re)découvert, décortiqué, savouré aujourd'hui pour ce qu'il est: le manifeste d'une époque à venir, si ce mot " manifeste" tant de fois galvaudé veut encore dire quelque chose.