L'Oldie de la semaine

Si elle est longue l’histoire de Jin-go-lo-ba, qui va du nigérian Babatunde Olatunji (1959), en passant par l’interprétation — Comment dire les choses poliment ? « Datée » ? C’est le moins qu’on puisse dire. — de Serge Gainsbourg, et son « Y en a / Marabout / Y en a marre / Marabout » sur le bien-nommé « Marabout » (1964), jusqu’à Fatboy Slim et son immonde version, chef-d’œuvre de vulgarité et d’absence totale de tout sens esthétique, sur le disque Palookaville (2004), il est vrai aussi qu’elle aurait pu s’arrêter plus tôt.

Disons, en 1969 avec le premier album de Santana. En cette année, le groupe de San Francisco devait en effet frapper un grand coup, un de ceux qui résonnent encore. Un de ces sommets que le groupe — si on l’esprit chagrin, c’est ce que l’on dira — n’atteindra plus jamais.

Là, planté au milieu du disque, telle une apparition de la Vírgen de Guadalupe en chair et en os, Jingo. Oui, simplement Jingo, qui explose sur un rythme dont on ne sait plus d’où il vient. Les continents s’estompent parce qu’ils ne contiennent pas la musique. La musique a tout pouvoir sur le temps et sur l’espace. Pas de transcender les frontières ou je ne sais quoi, non, simplement le pouvoir inestimable de les ignorer. Purement et simplement.

Quelques minutes plus tard, à cause d’un certain concert, l’histoire devait conserver le souvenir presque exclusif de Soul Sacrifice. Ce n’est pas un tort, non. Non, ce n’est simplement pas assez. Parce que le sacrifice, en fait, comme aurait dit Marcel Duchamp s'il n'était pas mort un peu trop tôt, Jingo le bat.