Pourquoi s'appeler Cabaret Voltaire quand on vient de la ville industrielle de Sheffied ? Sans doute pour reprendre le geste fondateur du dadaïsme. En pleine période du glam et avant l'explosion punk, trois jeunes hommes décident d'arpenter l'univers du son, se définissant à la suite de Brian Eno comme des "non-musiciens". Avec son chant scriptural, son absence de batterie, et un rythme proche de celui de la musique industrielle, le groupe ne pouvait laisser derrière qu'un souvenir angoissé. Il fallut le succès de l'album Trans-Europe Express de Kraftwerk pour que cette entrée a minima dans la musique s'épanouisse. Multipliant à l'excès les expérimentations sur les sons électroniques, et malgré un arrière-fond à la fois pornographiques et politisés, Cabaret Voltaire retrouve peu à peu le rythme de la pop. Il faudra attendre quasiment la fin de la vie du groupe pour que l'or nouveau émerge.
Avec Just Fascination, son rythme lancinant, son martèlement quasiment industriel, cette aventure musicale atteint sa consécration. L'angoisse en moins, l'électro-pop qui fleurit de nos jours gardera tous ces ingrédients découverts il y a trente ans. Inutile d'utiliser des mélodies complexes pour faire danser les corps, dans ce morceau le minimalisme démontre à jamais sa capacité à toucher l'ensemble de nos sens.
par
Patrice Vibert
le 03/11/2013
