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Skabazak

: Édition 2005



Notre compte rendu

VENDREDI 3 Juin

Les yeux cachés derrière mes lunettes noires, je laisse galoper mon ivresse sur le paysage somptueux qui défile à ma droite, ou à ma gauche, je ne sais plus très bien, avant de me rendre compte que les virages successifs que mon chauffeur sobre négocie avec aisance vont finir par me faire dégueuler.

Il est bien temps d'arriver à Sébazac, petite bourgade vaguement paumée qui accueille pour la septième année consécutive le festival de Skabazac, paré d'une programmation plutôt alléchante qui valait bien le déplacement. Le tout s'annonçant comme un délicieux apéritif de l'été festivalier qui s'annonce chargé, en tout cas en ce qui me concerne. Un festival à la cool, avec juste ce qu'il faut de soleil et d'énergie pour que se mélangent dans le bordel, sons, couleurs et odeurs pendant deux grosses journées.

Passons sur l'arrivée un peu chaotique au parking/camping, et sur la mise en bouche pas très élégante qui s'en suit, pour un débarquement fanfaronnant à l'entrée du site où s'agglutine une masse d'individus que je ne soupçonnais pas. Il y a du monde, ça va être la merde pour rentrer. Je marmonne quelques insultes et me faufile, en essayant de resquiller au maximum, en piétinant les plus petits que moi, en bousculant sans politesse pour glaner quelques précieuses minutes de moins dans cette marée humaine qui me met dans un état pénible d'angoisse et d'oppression. Au bout d'un bon quart d'heure qui semble en durer trois, on se retrouve enfin à l'intérieur.

On n'était pas en avance, la file d'attente n'ayant rien arrangé, je ne verrai que la fin du show de Zenzile, avec regret, car cela semblait être une parfaite introduction à la soirée. Mal placé, je profite néanmoins de quelques minutes d'un set bien trippant, avant de foncer m'enfiler une bière coupée à la flotte au premier débit de boisson surpeuplé que je croise.

Cela me permet toutefois d'arriver en avance sous le deuxième chapiteau et de me placer correctement pour prendre les deux allumés d'Interlope en plein dans le casque. Ce n'est pas une surprise, j'ai déjà vu Interlope en live, je sais d'avance que ça va saigner, mais c'est avec un plaisir non dissimulé que j'assiste à une distribution générale de tourtes dans les premiers rangs dès le début du concert. Les deux lascars envoient des morceaux qu'il me semble reconnaître, mais à vrai dire, je me fous bien du tracklisting, vu la fureur de la fosse. Le public est agglutiné comme un paquet de singes cocaïnés, la bave aux lèvres, et s'envoie en l'air dans une grosse partouze visqueuse sur la drum and bass frénétique du duo qui déchire littéralement le dancefloor. Tout est dit.

Brain Damage va succéder à cette boucherie, et, bien qu'étant parfaitement fan de leur dub métallique aux basses surpuissante, je m'interroge sur la pertinence du choix de la programmation. N'aurait-il pas été plus sage de programmer Brain Damage en premier avant de laisser déferler le tsunami Interlope ? J'avais déjà vu les deux Stéphanois il y a déjà quelques années, et c'est avec un grand plaisir que je me préparais à les voir de nouveau. Autant dire que je ne serais pas déçu, tant la puissance et l'énergie de ce duo, en live, prend des allures d'apocalypse. La première explosion de basses fait reculer le premier rang de trois mètres, le set envoie successivement des morceaux de Ashes To Ashes et de Always Greener. Le bassiste jump comme un dingue et le petit teigneux s'agite comme une furie derrière ses machines, s'amusant à tordre les sons dans une avalanche de reverb et de distorsions du plus bel effet.
Ne m'en demandez pas plus, les détails ne sont pas mon fort, de toute façon.

Direction la sortie, on passe rapidement devant le chapiteau d'High Tone, succédant aux abominables Ska-P qui ont enfin décidé de se séparer. On ne s'attardera pas, High Tone me lasse, High Tone est devenu l'apanage des gens cool, et je ne mange pas de ce pain là. Je range mon intolérance dans ma poche, et me prépare à retourner à ma voiture/tente, pour m'écraser dans une nuit fiévreuse et hallucinée.


SAMEDI 4 Juin

Il est 8 h du matin et je n'ai dormi qu'a peine une heure. Le camping a des allures de teknival, et c'est généralement entre 9h et 11h du mat que l'ambiance est la plus malsaine dans ce genre d'évènement. Les dernières épaves terminent leur nuit, les gens cool dorment depuis longtemps, certains dans la terre, la tête dans une flaque de résidu de bile malodorante. Comme je les plains lorsqu'ils se réveilleront.
Des bagarres d'ivrognes éclatent et se désamorcent à mesure que les participants titubants s'aperçoivent qu'ils vont manger gros s'ils continuent à jouer les durs. Un type s'est fait casser le pif, il a dû aller flamber avec la mauvaise personne, et je me dis que c'est bien fait pour sa gueule…

La matinée est longue, je me repose comme je peux, apprenant en début d'après midi que le festival est complet. Et puis la machine se remet enfin en marche, les verres se succèdent, les discussions de pochetrons s'animent. Un vent de folie souffle dans ma voiture qui ressemble à un chant de bataille d'alcooliques. L'ivresse, ma plus fidèle compagne, vient me donner la main, et nous partons ensemble aux alentours de 18h sur le site, pour arriver dans les temps, et ne rien rater, cette fois-ci.

Dj Vadim et son One Self m'ennuient. Je n'arrive pas à rentrer dans le set, je reste à l'écart dans tous les sens du terme, assis dans l'herbe, à boire de la bière à l'eau. Le festival est littéralement blindé, et j'abandonne l'espoir d'aller visiter le coin des artistes, je supporte de moins en moins les gens, et je n'ai sincèrement pas envie de jouer des coudes pour le moment.
Dj Krush arrive et remonte le niveau, je soulève ma paillasse et me pose à distance raisonnable, en hochant la tête sur des beats fat, le japonais livre un show de qualité, millimétré et homogène, parfaitement huilé. (Il est possible que je me plante un peu dans les ordres de passage, ne m'en tenez pas rigueur).

Arrive le premier grand moment. Les bâtards de TTC viennent faire parler la fluo attitude dans un festival où ils feraient presque figure d'intrus. J'avais pris une claque énorme pendant leur concert à Bourges, et j'ai trouvé leur performance un peu en deçà. On a droit à quelques titres de la tape de Cuizinier, dont le fameux Bouger ça, fun et décomplexé qui passe plutôt bien, même si le public à un peu de mal à suivre le délire. A peine quatre ou cinq radasses sur la scène pendant un girlfriend néanmoins savoureux, même si un léger incident technique rendra la fin du morceau un brin chaotique, Tido rattrapant l'accroc en balançant son couplet a capella avec une certaine classe.

En ce qui me concerne le meilleur est à venir. Je trépigne d'impatience en attendant The Hacker et Vitalic, mais j'ai un peu de temps à tuer, et je m'accoude au bar pour un certain temps, que j'aurais bien du mal à évaluer.

The Hacker commence à faire rugir ses platines alors que la nuit est déjà bien installée, et se révèle à la hauteur de mes espérances, balançant une techno dark et survitaminée imparable qui fait rebondir tout le monde aux quatre coins du dancefloor. The Hacker fait chauffer le public avec de l'ammoniaque dans une petite cuillère, et ce sera à Vitalic de s'envoyer le shoot pour un set malheureusement un peu court, mais qui aurait pu faire danser un tétraplégique. Fourbu, fatigué, et courbaturé, il m'est pourtant parfaitement impossible de ne pas m'amuser à rattraper à pleine main les grenades que balance le crâne d'œuf technoïde, souriant, content d'être la, comme nous tous.

Après ce dynamitage dans les règles, je ne sais plus trop où j'en suis, je croise quelques connaissances que je n'aurais même pas cru dans les parages, et on s'achève une dernière fois au bar, avant de remonter à la poubelle qui me sert de lit, et de cette fois-ci, dormir, copieusement.

par WakMc
le 15/06/2005

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