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Dead Can Dance

: @ Zénith, Paris - 30/06/2013



Retour sur le concert donné par le duo au Zénith de Paris. Au programme, Wolverine, Brad Pitt, des zombies, 3 litres de flotte de perdu et un mec qui danse dans le public.

En fait, je n'aurais jamais dû aller voir Dead Can Dance, ça n'aurait peut-être pas été plus mal. Mais il arrive que les circonstances concourent à nous conduire, pas tout à fait malgré nous, mais comme si nous étions absents, au Zénith de Paris. Autant être vraiment honnête, de la même façon que je n'avais jamais mis les pieds au dit Zénith — et, j'en fais le serment : plus jamais —, je ne suis pas exactement ce qu'on peut appeler un fin connaisseur de l'œuvre de Dead Can Dance, groupe culte, s'il en est, référence absolue pour les gens sombres, les fils maudits de Bram Stoker et Mary Shelley.

En fait, des gens sombres, il n'y en avait pas tant que ça ; il faisait trop chaud à Paris, ce dimanche après-midi, et encore plus chaud dans la salle. Car, après avoir attendu sagement que l'ouvreuse trouve enfin le temps de nous placer, et qu'elle nous place effectivement, non sans nous avoir signifié de sa douce voix qu'elle se permettait de nous rappeler qu'elle était rémunérée exclusivement au pourboire, nous eûmes Guillaume, Antoine et moi — soit les 3/4 demeurant de Rome Buyce Night, Romain dont, et c'est le fin mot de l'histoire, on m'avait cédé la place, résidant, pour des raisons professionnelles, à Newcastle —, nous eûmes le bonheur de découvrir l'effet sauna du Zénith. Dans la grisaille de l'été parisien, il y a un lieu qu'on dirait sous les Tropiques. Vint alors l'attente, durant laquelle je découvris avec une certaine terreur que Hugh Jackman, non content de faire du jogging en buvant du Liptonic, pratiquait aussi le cinéma dans le genre d'action violente avec effets spéciaux, squelette en titane, dimension métaphysique, et morale bienveillante. Avais-je bien fait de venir ? Pouvait-il faire encore plus chaud ? La vie n'était-elle pas suffisamment difficile pour que la peau de mon voisin n'effleurât pas la mienne ? Était-ce moi ou lui qui sentait le chat malpropre ? Finalement, même si je ne devais pas venir, j'avais hâte que ça commence.

Quand ça a commencé, j'ai trouvé le son horrible, moche et sale. De plus, comme les places sont excessivement chères — mais, c'est comme ça le monde de la musique pop : plus les musiciens sont vieux, moins ils sont bons, et plus les places sont chères —, nous étions très mal placés, et je ne voyais pas toute la scène. Juste les leaders charismatiques, ou quelque chose comme ça, et donc Brendan et Lisa (j'avais pris des notes avant de venir), cette dernière vêtue d'une robe toge du futur avec col carapace descendant sur les épaules. Mais comme je suis bon public, et que je ne veux pas me faire virer de Rome Buyce Night, je suis resté assis, à suer, suer, suer.

Ce n'est pas que je ne n'ai pas aimé — je ne me permettrais pas de porter un jugement de valeur sur un groupe que je ne connais quasiment pas et ce, même s'ils ne sont objectivement pas très bons —, mais j'ai trouvé la salle amorphe, triste, ou alors accablée de chaleur. Ce n'est qu'au bout d'une demi-heure que quelque chose s'est passé, dans le public ; un spectateur s'est mis à danser, traversant les allées du Zénith en ondulant et en balançant ses bras au-dessus de sa tête en d'amples mouvements chaloupés. On aurait dit une vague, une vague gothique, certes, mais une vague quand même. Sur le moment, j'ai cru que le service d'ordre allait intervenir et l'expulser de la salle — "C'est un concert, Monsieur, il faut rester assis à sa place". Mais non. Alors j'ai pensé que le concert pouvait vraiment commencer. Mais non. Personne n'a bougé. Il a pourtant continué à traverser les allées.

Mais, comme je devais le comprendre plus tard, c'était une âme en peine, un fantôme qui erre, hante les vivants qui s'égarent au-delà de la rive gauche de la Seine pour s'échouer au Zénith de Paris. Donc le fantôme hantait, et moi je me disais que la world gothique, c'était quand même un genre bizarre, hybride, peut-être, mais bizarre surtout, et que je ne sais pas, mais quand Peter Gabriel et Les tambours du Burundi rencontrent Bauhaus, ça ne peut pas laisser indifférent. À moins d'être insensible au kitsch le plus parfait, ce qui n'est pas mon cas, rassurez-vous. J'en étais donc là de mes réflexions quand j'ai compris que le concert était fini, qu'il fallait désormais attendre l'inéluctable rappel, qui ne se fit pas trop attendre, heureusement. Fait marquant, c'était l'anniversaire de Brendan.

Et ce fut un grand moment d'émotion. Lisa, esquissant un sourire — c'était quand même la fête —, entonna le mythique Birthday Song ("Happy Birthday to you, dear Brendan"). Le public communia alors dans la célébration de son idole. C'était beau. Mais surtout, c'est à ce moment que le concert a vraiment commencé, avec le rappel. Peu à peu — même les gothiques peuvent accomplir des miracles —, une partie du public s'est levée et s'est dirigée vers le devant de la scène. Il s'est passé alors quelque chose qu'on appelle danser, et qui est ce que font souvent les gens aux concerts de pop. Mais il devait vraiment faire trop chaud. Et surtout, c'était déjà la fin du concert.



par Jérôme Orsoni
le 01/07/2013

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3 commentaires

par annlor (le 16/07/2013)
Mon pauvre Jérôme Orsoni....En effet tu ne connais rien à DCD si tu t'attendais à voir des quadra en noir pogoter tu t'es résolument trompé de concert.Quand on a la chance d'avoir une place pour les voir, on ouvre grand ses oreilles, on vibre, on s'en prend plein la tête, on voyage, on prend une leçon de percussions et de chant et on se dit je l'ai fait au moins une fois dans ma vie" les voir en concert", le temps suspendu pendant 1H et 45min extatiques.Pour te désoler autant d'avoir eu chaud parce que c'est tout ce que tu en retiens hélas, va voir le PSG c'est mieux! Merci à mon requin DOD pour m'avoir offert la set list originale de Lisa récupérée à la fin du concert et oui Jérôme ce n'est pas la coupe de l'UEFA mais tu ne peux pas comprendre tout ça...... DCD à Bruxelles tout simplement magnifique!

par greg (le 10/07/2013)
Hi,

En effet je me rappelle de ce concert à la Bastille de Deadcandance pour la fête de la musique avec ses cheveux dans le vent. Souvenir remarquable d'une période artistique des nuits à Paris, dont l'Opera night. Salut à toi. N

par BEHELEV (le 08/07/2013)
Hi, c'est vrai que le zenith se prête moins bien que les arènes de Nimes pour écouter DCD et que le son est assez pourri dans cette salle. Les fans de DCD sont maintenant grisonnants et peu enclin à faire les fous devant la scène sur une musique qui s'y prête assez peu...Mais a Bastille, en 1981 à la fête de la Musique, lorsque Lisa avait sa chevelure dans le vent et Brendan sa guitare électrique au lieu du bouzouki, l'instant a été autrement magique...En gros, fallait juste naitre un peu plus tôt pour comprendre notre fascination. Je trouve leur dernier album assez mièvre. Là aussi, je suis d'accord !
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