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Otto Von Schirach + Drumcorps

: @ Glaz'art - 17/05/2008



Notre compte rendu

J'arrivai à la sixième édition des soirées F*** YOU IM FURIOUS dans les coups de 22h30, l'estomac rempli des bières que j'avais enfilées dans le métro, d'inexplicables assauts de douleur dans les intestins. Je n'avais pu m'y rendre plus tôt ; j'avais donc loupé Plan Nine – désolé pour eux. Lorsque je pénétrai dans la salle, c'était Niveau Zero aux platines. Une entrée en la matière bien appréciable ; un dubstep avec ses grosses basses comme on les aime ; agrémenté de quelques gimmicks IDM, pointant tantôt vers l'abstract hip-hop, tantôt vers la techno expérimentale à la Paral-lel. A peine débarqué je prenais déjà mon pied ; la soirée s'annonçait bien.

Jahbass prit ensuite le relai pour un petit mix, histoire de faire monter la sauce en attendant la suite. Au menu, dubstep, toujours, drum'n'bass et breakcore. Un petit morceau de Milanese fit apparemment plaisir à Niveau Zero puisque je le vis repasser la tête sur scène, secouant le bras et gratifiant Jahbass d'un "yeaaah" tout souriant en signe d'approbation. En fait, j'ai dû entendre Milanese mixé trois ou quatre fois dans la soirée. C'est dire à quel point le petit bonhomme de Planet Mu a su mettre tout le monde d'accord avec son sublime Extend.

Du côté de mes intestins, toujours cet insoutenable déchirement. Je m'en allais prendre une bière lorsque je décidai d'en finir avec. A peine m'étais-je assis sur le trône, stupéfait de découvrir ce qu'était capable de vomir mon colon, que j'entendais un morceau de Drumcorps. L'instant tragique de ma soirée. Tiraillé entre les vaines contradictions de mon anus essayant de stopper les salves de merde, et la peur de rater le début du concert que j'attendais depuis presque un an, j'évaluais la cruauté de la situation. Je pestais contre mon père qui m'avait servi plus tôt dans la journée un chili dont je pense maintenant que la viande ne devait plus être trop fraîche. Mais je m'aperçus assez vite de mon erreur. Le morceau n'était qu'une dédicace du mix de Jahbass à l'invité. Fausse alerte. L'enfoiré ne devait pas se douter un seul instant de la frayeur qu'il venait de me faire. Quand je revins devant la scène, Jahbass passait un morceau alliant le flow d'un MC reggae à une rythmique drum'n'bass. Jahbass dansait derrière ses platines. Il levait la tête au soleil qui n'était pas là, tendait les bras et reprenait les paroles avec un large sourire. Si Jahbass avait été entouré de hautes herbes, on aurait peut être pu reconnaître Jimmy Cliff dans I Can See Clearly Now.

Toujours pas de Drumcorps après lui. Un DJ dont je ne saurais trouver le nom. Un mix sympathique mais pas franchement marquant, si ce n'est qu'il fit preuve d'un grand éclectisme. Malheureusement pour lui, le public s'impatientait. Ça faisait une bonne demi-heure qu'Aaron Spectre, alias Drumcorps, tournait autour de la scène pour préparer son bazar. Aaron replaçait ses pédales une à une, comme si le moindre centimètre importait. La table sur laquelle était déposé son matériel était disposée comme j'avais pu le voir sur ses vidéos. Bien devant la scène, en contact direct avec le public. C'est l'âme métalleuse d'Aaron qui le fait opter pour cette configuration ; celle qui exige d'une rockstar qu'elle sue avec son public, qu'elle vive en osmose avec lui la furie qu'elle crache de ses tripes. Le set de Drumcorps fut tout simplement incroyable. Ses remixes breakcore de morceaux hardcore métal firent mouche auprès du public, passé de danceflooreurs moyennement convaincus à une horde de petits sauvageons pogottant dans tous les sens. "Tu vas voir, ce morceau déchire !" me fit un type coiffé de lunettes de ski qui s'amusait à éventer son bide sur les claviers de Drumcorps. Pendant ce temps là, Aaron faisait pleuvoir les riffs d'une guitare qu'il enfilait à l'occasion. Il me mit une claque monumentale. En fait, je me rendis compte à la fin du concert que je n'avais pas autant transpiré depuis les concerts de hardcore que j'avais l'habitude de faire il y a environ cinq ans de cela. J'étais même gêné pour les autres de l'odeur que je dégageais après ça. Tans pis. Après tout, je n'étais pas le seul.

A l'issue d'un bref interlude débarqua Otto Von Schirach, flanqué d'un masque et d'une cape de super héros. Il était accompagné d'un DJ au look Dark Vador, qui passa l'essentiel de son temps à péter des vinyles, les scratcher un peu, en jeter les miettes sur ses collègues, monter sur sa table et jouer avec un appareil bizarre dont je me demande encore le rôle. Les deux derniers énergumènes de la fine équipe portaient des masques sado-masochistes. Ils étaient installés derrière une batterie résumée à sa plus simple expression. Ils me firent un peu penser aux deux percussionnistes de Slipknot ; ces deux types qui ne servent à pas grand chose si ce n'est d'alimenter le jeu de scène. De la même manière, les deux batteurs d'Otto Von Schirach se contentaient généralement de bourriner leurs instruments sans qu'on ne les entende vraiment. Ils donnaient l'air de pantins avec lesquels s'amusait Otto. Otto éjaculait ses beats, les deux pantins suivaient et continuaient leur jeu quelques secondes encore après. Otto lançait ses morceaux, et les accompagnait au micro tel un chanteur de hardcore déluré. Il avait sous la main un appareil qui lui permettait de jouer avec son timbre, lui faisant prendre cette étrange texture qu'elle a sur ses disques, quelque part entre le rot, un hamster de dessin animé et la voix de Géant Vert. Un live impressionnant. Pour une fois, le public en avait pour son argent niveau jeu de scène. Et, au fond, même si l'apport des trois comparses d'Otto Von Schirach fut un peu superflu, on leur pardonnera tellement le show qu'ils nous offrirent fut un régal pour nos yeux éberlués.

Après lui s'enchaina un set dont, encore une fois, je n'oserais avancer de nom, de peur d'attribuer la performance à la mauvaise personne. Le type nous servit une drum'n'bass bien efficace ; drum qui ne cessa malheureusement de s'avachir au grès des sets de ses collègues dans le complètement remâché. J'étais au bar en train de siroter un pastis lorsqu'un type me lança "enfin du bon son." C'est bien ça ton problème, public du Glaz'Art. Tu n'es généralement intéressé que par la perspective de remuer les fesses sur une drum'n'bass dont, pour ma part, je commence sérieusement à faire une overdose. Et lorsque quelque chose sortant de l'ordinaire vient te titiller les oreilles, tu n'en es que plus frustré de ne pouvoir plier tes jambes sur une musique dont même tes genoux en ont marre. Néanmoins, le Glaz'Art fut bien rempli, pour une soirée n'étant pas explicitement étiquetée drum'n'bass. Les gens ont même eu l'air de beaucoup apprécier nos deux O.V.N.I Drumcorps et Otto Von Schirach. Alors, pour cette fois, je ne t'en voudrai pas trop, public du Glaz'Art, du fanatisme que tu nourris pour la "dreum" au point, je le crains, d'un jour t'en écœurer toi-même.

par Tehanor
le 18/05/2008

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