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HitchcockGoHome!+Cornflakes Heroes+Moonman and the unlikely orchestra

: @ Klub - 31/01/2007



Notre compte rendu

Concert annoncé à 20 h, tu es en retard. Tu arrives à 21 h et, même à cette heure-là, tu es en avance. Tu arrives accompagné, tu restes seul. C'est pour le moins déroutant. Au mieux, ça commence mal. Au pire, ça ne commencera jamais. Tu fais quoi en attendant ? Tu écris. Quoi ? Tu écris que tu attends. Enfin, que le spectateur, puisque c'est pour lui que tu tentes désespérément de parler, attend. Ça te rappelle, vaguement, le style en moins, une pièce de théâtre que tu as vue il y a longtemps avec ta mère. Ou sans. C'était il y a longtemps. Ça, tu le comprends. Mais, pourquoi tu attends, tu vas dire que ça, non, tu ne le comprends pas. Et, pourtant, tu attends. Ça, oui. C'est même tout ce que tu fais : attendre et écrire que tu attends. Tu vois, même toi, tu trouves que c'est long et insupportable, insupportablement long. Alors, tu fais quoi, au juste ? OK, tu le sais déjà. Quand est-ce que ça commence déjà ? Demain ? N'en rajoute pas, s'il te plaît. Je t'en prie.

Aussi, quand ça commence enfin (21 h 45), tu as envie de crier et de pleurer. Tu ne sais peut-être pas si c'est l'attente ou la musique qui t'a rendu comme ça, mais ça t'a rendu comme ça. Et, la musique, après tout, comme tu en as déjà entendu le meilleur en attendant le début du concert, tu peines à lutter contre le doute. Mais, après tout, les sceptiques ne sont-ils pas tous des perdants en puissance ? Sur un flyer — j'ai les preuves — il y a écrit : "Le renouveau de l'indie rock bien de chez nous !". Je ne suis pas vraiment ce qu'on peut appeler un "mec-indie-rock", mais France + indie rock… s'ils le disent. Tout est en place, musicalement, le public apprécie, applaudit à deux mains. On va dire que je n'y connais rien (Cornflakes Heroes).

Ce qui est chouette, en revanche, pour parler comme on ne parle plus, c'est qu'au bar, j'ai le temps de lire une chronique de Gypsophile - Assunta entre celles du dernier Jeanne Balibar et du dernier Higelin, le genre de lecure qui te fait réfléchir, c'est sûr (Longueur d'ondes, #37, Hiver 06-07, pp. 36-37). Qui a dit que l'industrie du disque était sinistrée?

Aussi, quand tu prends conscience que HitchcockGoHome! ne jouera pas en dernier — comme sa position de tête d'affuche le laissait supposer — mais bien en deuxième, c'est une sorte de délivrance psychologique assez inexplicable en fait. Comme si [mais en supprimant le "comme" et le "si"] tu allais pouvoir assister au concert pour lequel tu t'étais déplacé avec l'esprit libre, insouciant du dernier métro que tu deviens subitement. Reste à savoir ce que ça va donner.
Or, quand tu t'aperçois que les "nouveaux morceaux" (je cite) sont au moins à la hauteur de ce t'avait fait entendre …Yes, you're dead, le premier album du groupe — et les performances live qui ont pu s'en suivre — ta tendance maniaco-dépressive te confine à l'euphorie — ou presque. C'est lamentable ce "presque", cette manière de modérer ton enthousiasme. C'est un peu comme refuser d'opiner aux coups réguliers et secs et entraînants de caisse claire, s'entêter à ne pas fredonner chaque mélodie, refuser de suivre la Les Paul Standard du guitariste. Bref, bouder ton plaisir d'auditeur. Tu le boudes, toi l'auditeur, ton plaisir ? Tu boudes toi quand le banjo parvient à ne sonner ni country ni bluegrass ? Tu boudes quand on t'annonce un nouvel album pour le printemps ? Non. Quelle meilleure saison ? Laisse tomber les clichés. Tu adores ça le printemps. Alors même si la voix du mâle est un peu trop en avant, tu ne vas pas crier au machisme. Non, tu vas te taire et écouter les belles harmonies auxquelles elle donne lieu nonobstant lorsqu'elle croise cette douce voix féminine. Et t'intéresser à présent aux riffs que créent les trois guitares, jamais à l'unisson, mais toujours à la recherche l'une de l'autre. Et essayer de suivre le rythme, de l'appréhender quand le tempo augmente et que le moment semble être à la danse.

Quelques mois après leur passage au Nouveau Casino, les membres de HitchcockGoHome! auront donné au Klub ce que l'on attendait d'eux : des sons proprement inédits dont on est à peu près sûrs à présent qu'il sont les seuls à les pouvoir faire entendre.

par Jérôme Orsoni
le 01/02/2007

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