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Battles

: @ Fondation Cartier - 17/02/2006



Notre compte rendu

En se risquant à l'analogie, on pourrait se laisser aller et se dire : Battles est aux années 2000 ce que Tortoise fut aux années 1990. OK, c'est possible, on n'y entendrait rien. Battles n'a pas ce côté intellectuel jazzy qui peut rendre Tortoise insupportable. Et, pourtant, Battles, ce n'est pas de l'énergie pure, pas l'antithèse de Tortoise donc. La musique de Battles se joue entre electro et rock, post-rock et restes de hardcore, musique contemporaine et riffs jazz. Tout simplement foudroyant sur cette scène de la Fondation Cartier. On est frappé comme la cymbale du batteur perchée à quelque deux mètres de hauteur et qu'il heurte dans un geste d'une violence rare.
Dans la musique de Battles, chaque phrase musicale est transformée, déformée et perturbée par un dispositif électronique qui la sample, la réplique, la diffuse, l'altère. Chaque phrase musicale circule entre les 3 guitaristes dont 2, on doit le reconnaître, sont des mutants : une main pour la guitare et l'autre pour le clavier, jouant à la hausse, l'inflation du son. Courtes phrases musicales en mutation, frappe lourde de la batterie qui casse le rythme sous son poids, atteint la cymbale et, par ce signal, relance la machine de guerre Battles, la lance dans une autre direction inconnue, a priori impossible. Impossible de tenir ce rythme syncopé une seconde de plus et d'y ajouter encore une phrase.

Pendant toute la durée de sa présence sur scène, Battles joue la jouissance, l'emportement, la reprise et la répétition, les phrases passent devant comme au premier plan et puis derrière, d'autres intervenant qui les repoussent et les rejettent, avant qu'elles ne surgissent à nouveau.

Un musée d'art contemporain, d'ailleurs, est sans doute le pire lieu pour un concert de ce genre, les sculptures de corps grandeur plus que nature paraissent minuscules et débiles comparées à ce qui se joue sur scène, le seul événement digne d'être appelé de l'art ici.
Avec Battles, on comprend ce que le rock a pu faire aux corps dans les années 1950-1960, les traîner de force à la limite du démembrement. Battles tient sa musique à la limite de ce démembrement, dans une posture qui cherche ce point de rupture quand le corps est écartelé entre les deux instruments qu'il active simultanément, quand la musique est à ce point tiraillée entre sa propension à jaillir et sa volonté d'inventer toujours qu'elle en devient proprement inouïe et inoubliable.

Les tee-shirts de Battles disent : "I have Battles in my life". C'est un fait qu'avec un set de cette amplitude et de cette intensité, Battles place la barre très haut. La vie musicale pour 2006 a commencé ce soir à Paris.

par Jérôme Orsoni
le 18/02/2006

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