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Les Clochards Célestes + My little Tsunami

: @ Pop In - 14/12/2005



Notre compte rendu

20h30. Le Pop In. Planté par tous mes « amis » parisiens, j’y suis. J’y reste ? On va dire que oui — j’y reste. Je pense un instant à m’offrir une rose, histoire de célébrer dignement les heures heureuses passées en ma gracieuse compagnie. Un instant d’hésitation à peine, c’est trop tard. On ne propose pas de roses à la vente aux hommes seuls. C’est ainsi. Condition tragique de l’individu post-moderne isolé, c’est ce que je me dis : on se console comme on peut. Déjà que le Pop In n’est pas une salle de concert, même si on lui cherche, en vue de le sauver, une trace qui rappelle les caves où l’on jouait jadis d’autres musiques, on peine. Pas une salle donc, si, en plus, il cesse d’être un lieu de rencontres où l’on se retrouve entre « pairs », où va le monde ? Le monde, je ne sais pas, moi, j’y suis allé. J’y suis, j’y reste. Obstiné !

20h45. Pas mieux. C’est navrant, pas encore désespérant, mais presque, enfin, passons.

20h55. Putain ! tout le monde se connaît ici. Enfin, tout le monde sauf moi.

20h55 (encore). C’est dommage, les gens sont super underground ici. Enfin, « underground », underground propre, quoi. Je suis sûr qu’on s’entendrait bien : eux, underground propre et moi, chroniqueur de luxe pour InfraTunes. Oui. Mais, non. On ne se parle pas, on ne se connaît.

21h35. Le concert a commencé. Ce n’est pas toujours évident d’être « critique » sans être « critique », mais je dois dire que ces guitaristes samplers en un seul genre commencent à m’énerver. Parfois, c’est bien, certes, je ne dis pas, mais ils tournent en boucles. À moins qu’ils ne fassent l’économie d’un deuxième guitariste. Toujours est-il qu’avec une telle technologie, tu t’attends à mieux, tu restes sur ta faim de gimmicks vraiment innovants. Le « post-rock », quoi qu’il y ait derrière ce terme et ces guillemets, ce n’est pas si facile que ça en a l’air, quoi qu’on puisqse en dire.

21h48. Ils m’énervent ces guitaristes avec tous leurs ustensiles. C’en est au point que le guitariste de My little Tsunami ne regarde plus que ses pieds et ses pédales et que le batteur est obligé de lui refiler son e-bow pour qu’il ne soit pas trop perdu. Ils ne sont pas mauvais tous les trois, non, ce n’est pas ça, mais, ce soir, je ne sais pas, je me dis qu’il n’en faudrait pas beaucoup pour qu’on assiste à un concert des Sonic Youth du pauvre.

22h00. J’exagère. J’exagère toujours. Ils ne sont pas mauvais, je le répète, je crois qu’ils ne sont pas encore aboutis, c’est une différence importante. Pas encore. Ça peut venir. D’autant que, malgré leur appréhension qui est sensible, il y a quelque chose entre eux, c’est sûr. La voix est intéressante : j’aime bien ces voix sourdes qui peuvent éclater, exploser, s’éclater et s’exploser à tout moment. Kurt Cobain avait une voix dans ce genre.

22h30. Les Clochards Célestes, c’est, comment dire ? Bien. Vraiment, en fait. Ça sonne 70’s mais en mieux. Je veux dire : ça sonne 70’s, free jazz, mais maintenant. Le trompettiste/clarinettiste est un bassiste, tout comme le pianiste. Le guitariste est un pianiste. Ils circulent comme ça entre les instruments, variant les approches. Ils vivent leur musique. Je me demande ce que nous réserve le batteur. Je ne sais pas ce qu’ils font, je ne sais pas comme ça se fait que ça sonne comme ça, aussi bien que ça, ils ont l’air d’improviser, de construire leurs morceaux au fur et à mesure qu’ils les jouent. C’est dissonant, mélodieux, complètement barré ou juste tellement intelligent. Et puis, il y a le trompettiste qui chante dans son instrument et, ça, c’est quand même quelque chose quand tu le vois, ce n’est pas de l’anecdote.

La première que j’ai écouté Les Clochards Célestes, je me suis dit : « Ouais, OK, ça manque un peu de souffle quand même ». OK. Me serais-je trompé ?

22h40. Je crois bien que oui. Quelque chose a dû se passer entre temps, depuis cette démo que j’avais écoutée, il y a plusieurs mois. Quelque chose qui a révolutionné leur musique. Parce que ce soir, c’est moi qui manque carrément de souffle pour ça. Le « post-rock », quoi qu’il y ait derrière ce terme et ses guillemets, ça a l’air simple d’un coup, ça a l’air inouï et évident. Ça se passe en 2005, juste en bas de chez toi. Ça se passe en 2005, c’est free, c’est 70’s et, c’est 00’s et toi, tu n’es même pas là. Mais, où es-tu quand les choses se passent, que ce n’est pas juste un buzz, que c’est réel et que tu prends tout ça de face, que tu ne peux même pas résister ?

22h45. Ce soir, encore une fois, le Pop In (après feu les Stéréogrammes, Rome Buyce Night et Sons of Frida) est devenu une bonne salle de concert parce que des groupes comme Les Clochards Célestes sont bons, vraiment bons.

22h50. Ça y est, le batteur est devenu pianiste.

22h52. J’en aurai vu des choses ce soir : une clarinette dévissée, un archet sur une basse, une clarinette encore plus dévissée. J’en reste là, je préfère écouter simplement écouter quand ils sont à leur meilleur, quand ils donnent le meilleur d’eux-mêmes…

par Jérôme Orsoni
le 18/12/2005

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