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Brain Damage

: Interview avec Brain Damage



Une collaboration avec les High Tone début 2012, un EP avec Sir Jean en avril de la même année, suivi d'un 13-titres en octobre, le tout agrémenté de nombreux concerts en France et à l'étranger : depuis qu'il est seul aux manettes, Martin Nathan ne chôme pas. Juste le temps de nous expliquer sa vision des choses, de la création, de la musique.

Qu'as-tu envie d'ajouter, d'enlever, de modifier, à l'entretien que tu m'avais accordé en 2005 ?

Quasiment 8 ans se sont écoulés, il s'est passé tellement de choses... En même temps, bon nombre de mes convictions restent intactes.

Animes-tu toujours une émission radio ?

Non, l'histoire a duré plus de 10 ans, c'était bien, mais ça ne me manque pas. J'ai plus vraiment le temps, pour être honnête ...

On me dit parfois que le dub est dépassé, musique du début des années 2000 : qu'en penses-tu ?

Je trouve étrange que l'on puisse dire d'un style musical qu'il est dépassé. Ça ne peut être que la réflexion de quelqu'un qui suit le sens du vent. Et qui pense que le dub est une musique des années 2000 ... Il faut qu'il se renseigne.

La volonté de beaucoup des groupes fondateurs de la scène électro-dub française était de donner vie sur scène, avec un groupe, à une musique qui était jouée par un DJ seul, en Angleterre entre autres ; toi, tu es actuellement seul aux manettes, est-ce un retour en arrière ?

Tout d'abord, je ne suis pas DJ, je fais du live depuis toujours, avec ou sans bassiste, la technique est la même. De plus, faire partie d'une scène ne veut pas dire qu'il faut rentrer dans son moule, je pense même le contraire. Un retour en arrière ? Depuis le départ de Raph, en un an et demi, il y a déjà eu un nouvel album, un autre avec High Tone, un maxi avec Sir Jean, une soixantaine de lives... Un concept-album est déjà en préparation avec un artiste anglais... Je n'ai jamais été aussi actif. Si c'est un retour en arrière, j'y retourne en courant !

Tu n'as pas peur de t'essouffler, seul ?

Mais... je ne suis pas seul. Il y a une équipe technique avec moi en permanence sur la route, qui assure son, lumières et vidéo, un graphiste, le même depuis 13 ans, un label qui m'accompagne depuis des années (Jarring Effects), deux tourneurs, pour la France et l'export, de multiples connections dans différents pays... que dire de plus ?

Recherches-tu un 2e larron ? Après High Damage, n'as-tu pas eu envie d'intégrer un groupe ?

Non, je ne cherche personne. L'expérience avec High Tone était juste magnifique, il y en aura une autre semblable dès l'année prochaine avec un autre groupe, mais j'adore aussi travailler seul sur certaines étapes de création. La conception du dernier album était un régal.

Qu'as-tu tiré de l'expérience High Damage ?

J'ai le sentiment d'avoir appris plein de choses, et vécu de très beaux moments, notamment sur la route. Je me souviendrai longtemps de ces sessions live en leur compagnie, on a pu se permettre d'essayer des trucs, c'était bien.

Comment fonctionnes-tu, à l'heure actuelle, pour créer ?

Là, grosso modo, tu peux te référer à ma réponse de 2005, à cela près que je fais de moins en moins de sampling, au profit d'un maximum de prises de sons, soit seul, soit avec des intervenants extérieurs, musiciens ou chanteurs.

Pourquoi le « Brain Damage » est-il devenu « Brain Damage Dub Sessions » : pourquoi un changement, et si minime ?

... Ça ... c'est pas très clair, même pour moi... J'avais vaguement une envie de changement au niveau du nom à un moment donné, puis en fait, je m'aperçois que c'est pas très important, appelez ça comme vous voudrez ....

Quel est ton rapport à la « célébrité » (ou en tout cas au fait d'être un des grands noms d'une scène, de drainer un public nombreux et régulier) ?

Je n'ai ni prétention, ni même envie de célébrité, c'est pas très sérieux tout ça... Je suis juste quelqu'un qui fait ce qu'il fait depuis longtemps, j'y passe un temps fou, je suis content quand les gens apprécient, ça c'est réel.

À quoi ressemble ton public ?

Je ne fais pas de généralités, ça dépend des endroits...J'ai quand même l'impression d'avoir à faire à des gens curieux, qui ne se contentent pas de ce qu'on leur sert à la télé. Je les en remercie, en ça, on se ressemble.

Vis-tu de la musique ?

Oui... mais... c'est de plus en plus dur, c'est le prolétariat du dub ...

Le numérique est prépondérant dans ta façon d'aborder la musique, non ? Quelle part lui laisses-tu par rapport à l'analogique ?

Toutes les techniques sont bonnes, j'imagine. L'idée est de faire des choix, les miens sont parfois atypiques, j'en conviens... Je traîne des 01V sur scène depuis des années par exemple... C'est vrai aussi que j'utilise beaucoup mes ordis... comme plein de gens...

Ce n'est pas bizarre de donner dans l'alternatif à une quarantaine d'années ?

Sans prétention, j'essaie depuis des années de proposer un truc qui n'existe pas ailleurs, une alternative, donc. Je crois que c'est mon truc, ça ne changera pas.

Y a-t-il quelque chose de politique dans ce que tu fais, dans ta façon de le faire ?

J'en suis sûr. C'est de l'artisanat, du fait main, en contradiction et en résistance au monde manufacturé dans lequel nous vivons...

Quid de l'aventure Bangarang ?

Plus le temps... Ça a été vite réglé... Il y a eu de belles choses, peut-être à rééditer un jour !

Quel regard portes-tu sur l'industrie de la musique, sur les industries culturelles de manière générale ?

Il y a quelque chose d'antinomique dans l'expression "industrie culturelle", non ? J'imagine qu'une industrie doit être rentable, la culture, pas forcément.

Quel regard portes-tu sur la scène dub française (sur les anciens, sur la 2e vague, sur les petits nouveaux qui arrivent en ce moment) ?

Je constate que les "vieux" sont encore là pour la plupart... Faut croire qu'on a encore des choses à dire...

Dans 20 ans, feras-tu toujours ce que tu fais actuellement ?

Possible... Ou peut-être tout autre chose, mais sans doute de la même manière...

Quel regard portes-tu sur la musique libre et le Creative Commons ?

Tout est disponible sur le net, on le sait bien, et c'est une bonne chose. Quant à ce qui est vraiment libre, ça c'est une autre histoire...



Interview par Temoin A.
le 04/02/2013

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1 commentaire

par Kit' (le 13/02/2013)
Martin est un artiste authentique, humainement on ne peut plus humble. Et pour ça, respect.
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