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Mogwai

: Interview avec Mogwai




Après « Happy songs for happy people », voilà « Mr Beast », faut-il se sentir effrayé après avoir été heureux ?


Non, pas du tout, beaucoup de personnes pensent que le titre de l’album va refléter le contenu de l’album. Une demi-heure avant que l’album soit masterisé, et toutes les chansons ont besoin d’un titre, c’est souvent la première chose qui nous passe par la tête. Il n’y a vraiment aucune raison d’être effrayé.


Oui, contrairement à ce que le titre laisse envisager, on a trouvé les morceaux plus calmes, plus accessibles.


Je pense que c’est assez différent. J’ai toujours pensé que « Happy songs for happy people » était un album accessible, les chansons collent bien ensemble, elles s’enchaînent alors que Mr Beast est vraiment fracturé, une chanson s’arrête une autre commence et ne va pas forcément avec. Tout le monde ne le voit pas de cette façon.


Ce qu’on apprécie dans vos lives c’est que c’est vraiment un florilège de votre répertoire à côté de l’album sur lequel il y a une actualité, ce n’est pas non plus exclusivement ces nouveaux titres que vous jouez…


Ca serait ennuyeux. Les gens veulent entendre de tout, certains titres sont plus agréables à jouer en live, des titres plus anciens reviennent toujours. De ce que je sais, à part si je connais vraiment bien le dernier album d’un groupe, je trouve ça un peu dur de voir un set entier uniquement du nouvel album.


Les parties piano sont plus présentes et plus complexes, est-ce un gain de confiance ?


Barry a toujours été un très bon pianiste, je crois que la raison pour laquelle il est plus présent est simplement qu’on a acheté un clavier plus approprié. Je pense aussi que, même si les chansons restent très simples, elles ont définitivement plus de structure, elles sont plus complexes que sur nos précédents albums, je ne sais pas pourquoi c’est comme ça.


Au bout de 10 ans de carrière, vous sentez-vous toujours comme une « Young Team » ou est-ce que vous vous sentez plus matures et plus calmes ?


Je n’ai pas l’impression d’avoir vieilli du tout, pas du tout. J’ai du mal à croire qu’on a joué pendant tout ce temps, ça ressemble un peu à une grosse blague. On a pas changé en tant que personnes et on a conservé la même façon de faire, on est peut-être un petit peu plus mature, on ne se saoule pas autant avant de monter sur scène comme dans le passé.


Mais toujours après


Toujours après oui (rires), disons que ça arrive, une fois ou deux par semaine, avant c’était chaque soir, avant et après le show. Donc oui, on a peut-être un peu changé là dessus, à part ça on a pas vraiment changé.


Ou alors changé de foie ?


(rires) Je pense que nos corps n’ont pas suivi la cadence.


Pour en revenir à Mr Beast ; on a pu lire sur notre forum des remarques du style : « Mogwai fait du Mogwai, c’est bien mais ça reste toujours dans le même registre » pensez-vous retourner à l’esprit de l’album Rock Action ? Avez-vous l’intention de surprendre vos fans ou comptez-vous continuer dans la même voie ?


Hum, je ne sais pas du tout ce qu’on va faire, on ne sait jamais vraiment à quoi va ressembler l’album avant qu’on débute l’enregistrement, on ne sait pas ce qui va se passer , à chaque fois qu’on parle entre nous, on a des idées pour le prochain album, ce à quoi on aimerait qu’il ressemble, et puis finalement ça n’arrive jamais, on se retrouve à l’opposé.


Il y a une grande part de spontanéité ?


Oui voilà, on n’en parle même pas vraiment, on veut vraiment que le nouvel album soit différent, c’est dur au bout de 10 ans de ne pas retoucher à quelque chose fait précédemment. Si on changeait radicalement, on aurait des plaintes. On doit se souvenir de ce que tu fais, en quoi tu es bon, c’est pourquoi on a jamais fait un album funk ; tu dois conserver des choses faites antérieurement.


Le buzz actuel autour du renouveau du rock-garage avec des groupes comme les Artics Monkeys, vous a-t-il influencé dans l’écriture de Mr Beast ?


Non, vraiment pas, on ne prête pas vraiment attention à tout ça, non pas qu’on aime pas la musique populaire, on est juste un peu en marge.
Quand on a débuté, on tirait nos infos sur d’autres groupes dans des magazines comme « Melody maker », « NME », mais ça fait vraiment longtemps. Melody maker n’existe plus et NME est devenu assez mauvais. La nouvelle presse UK est vraiment naze, on a donc arrêté de la lire il y a quelques années. Aller sur internet et rechercher des groupes nous-mêmes est beaucoup plus simple ; avec myspace tu peux trouver à peu près n’importe quel groupe et te faire ton propre avis sur eux. .... j’ai dérivé là, c’était quoi ta question ?


Tous ces groupes passent, on ne les remarque pas vraiment. Certaines de ces musiques ne me dérangent pas mais ça reste lointain, on serait un peut désespérés s’il fallait suivre le troupeau mené par de nouveaux groupes, ça serait horrible.


Pour l’enregistrement de ce nouvel album, vous êtes-vous dit : « Ok pour celui-là moins d’électronique » ?


Oui on en parlait parce que jouer l’électronique en live c’est vraiment chiant, ça ne marche jamais. Les ordinateurs sont censés rendre les choses plus simples, alors qu’en fait ils rendent les choses tellement plus compliquées. Malgré tout, même si ça s’entend moins, il y a toujours beaucoup d’électronique dans notre musique. Et la mise en place de notre live n’est pas devenu plus simple, on a raté notre coup.


Pourtant vous travailliez votre vocodeur sur du hardware.


Oui c’est vrai, mais c’est le même problème avec les claviers, peu importe le titre qui connaît des séquençages, quand la piste qui donne le click (le tempo du métronome qui fait tic tac, ndli) disparaît et que des rythmiques étranges surviennent, tout est hors-tempo et c’est horrible !


Tetsuya Fukagawa du groupe Envy, excuse-moi pour la prononciation, a été invité sur le titre I chose horses comment s’est passé la collaboration ? Comment l’avez-vous rencontré ?


Nous avons signé ce groupe en licence via notre label en Europe. La raison pour laquelle on s’est rencontré, il y a 5 ans, pendant notre tournée au Japon, on nous a donné un mini-disc d’un groupe local en nous disant « tu devrais aimer ce qu’ils font », on a écouté et on a adoré, on a ensuite essayé de signer leur disque en licence. On a fait une tournée là-bas quelques années après, et on a tourné et joué ensemble. On voulait une voix sur cette chanson, pas forcément de l’Anglais, c’était la première personne à qui on a pensé.


Quels sont vos futurs projets maintenant ?


Pas grand-chose, on tourne jusqu’en décembre prochain donc… On espère qu’après décembre, on se remettra à écrire de nouvelles chansons. Je crois qu’on a pris trop de temps entre Happy songs for happy people et Mr Beast ; on voulait se mettre à composer de nouveaux titres mais on a finalement tourné beaucoup après l’album, on espère tourner moins pour celui là.


J’ai entendu dire que vous deviez faire la BO pour un film retraçant la vie de Zinedine Zidane.


Oui on l’a déjà faite. On n’a pas eu beaucoup de temps. On l’a faite entre notre tournée, Janvier et Février, on a eu quelque chose comme deux semaines pour la composer et l’enregistrer.


Il y a combien de titres ?


Euh… Hum, je ne sais pas du tout, on a fait à peu près une heure de musique. Donc je pense que ça sort bientôt. Je pense que ça devrait sortir d’ici quelques mois. Je pensais que ça allait être un désastre, mais finalement c’était vraiment sympa. C’était quelque chose qu’on a toujours eu envie de faire, une bande originale. J’aimerais vraiment en refaire une.


Vous aimez particulièrement le foot ?


Oui les autres aiment beaucoup le foot, je suis le seul à ne pas être trop dedans, les autres sont vraiment fan des Celtic, ils ont leur abonnement au stade.


Va-t-on sortir sourd après le concert de ce soir ?


Malheureusement non… A cause de cette satanée limitation sonore en France…


Vous avez déjà eu des problèmes à cause de ça ?


Oui… Ce n’est plus aussi méchant qu’à l’époque … La première fois qu’on est venu après cette loi, c‘était vraiment frustrant… l’ingénieur du son qu’on avait à l’époque était incroyablement bruyant, la personne qu’on a maintenant est vraiment bien, il tire le meilleur de notre son. Donc ce n’est plus un problème à présent. Donc non, vous ne sortirez pas sourd du concert de ce soir (rire)


J’ai entendu dire que vous aviez fait sauter le système de diffusion et les enceintes lors de votre premier passage à l’Elysée Montmartre.


Je ne m’en rappelle pas, mais peut-être oui.


La question habituelle, y a-t-il un album, film ou n’importe quel autre plaisir visuel ou auditif que tu as récemment adoré et que tu tiens à conseiller à nos lecteurs ?


Hum… c’est une question dure… j’essaie de me souvenir d’un bon film que j’ai vu récemment… je n’en ai pas vu de spécialement bons. J’essaie de me rappeler du dernier disque que j’ai acheté. Il y a ce groupe américain qui s’appelle Big Business , j’ai eu cet album un peu par hasard. Ce sont deux mecs, l’un à la basse l’autre à la batterie. J’ai eu leur album car j’étais fan de leur ancien groupe. Au bout de quelques écoutes j’ai vraiment accroché et j’ai écouté en boucle. L’album s’appelle « Head for the shallow », c’est du rock pur et dur, c’est un peu cheesy mais il y a vraiment quelque chose, leur son est inusable. C’est inattendu mais vraiment bon.


On peut les trouver sur Myspace ?


Oui ils sont sur Myspace, tout le monde est sur Myspace. Le dernier album que j’ai acheté et vraiment aimé en date, et que personne d’autre n’aime, c’est le dernier album des Yeah Yeah Yeahs. Beaucoup de gens trouvent que c’est mauvais, du moins ceux à qui j’en ai parlé.


Ah oui ? Pourtant les critiques ici sont assez bonnes, pour la scène « garage » c’est le groupe à suivre, la presse dit du bien de leur « rock porno chic ».


Ils n’ont pas eu de bonnes critiques en Grande Bretagne.


Par contre leur côté fashion-victime plait moins… .


Oui c’est vraiment ce qui m’a déplu chez eux au début, ils étaient stylés et je ne les aimais vraiment pas. Mais je les ai vu jouer durant un festival et ils ont vraiment cartonné, c’était hallucinant.


Vous avez un titre sur Mr Beast qui s’appelle « Travel is dangerous », à côté de ça vous faites des aller retour un peu partout, vous étiez aux Etats Unis le mois dernier, en Europe là, aux Etats-Unis le mois prochain et encore en France en Septembre…. Tu n’as pas peur ?


Non… En fait on était aux Etats-unis le mois dernier, en allant faire notre concert à Mexico City et notre avion a été frappé par la foudre. Donc oui, ça peut être dangereux… (rire) C’était une sacrée expérience, c’est super de pouvoir dire aux gens que tu as vécu ça mais je ne veux plus jamais le revivre! C’était dingue, mes yeux étaient fermés et j’ai quand même vu ce flash énorme et il y a eu un gros trou d’air, l’avion a descendu d’un coup. C’était vraiment étrange, vraiment.


Ca a changé ta vie depuis ?


(rire) Nan nan, c’était une expérience étrange. Ca fait partie du boulot et c’est vraiment génial de pouvoir aller à des endroits où je ne serais pas allé en temps normal. C’est dangereux oui, mais c’est bien.



Interview par dClem
le 15/04/2006

Tags : Mogwai

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