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Brain Damage

: Interview avec Brain Damage



Rencontre avec le duo Brain Damage à l'occasion de leur concert au festival Nordik Impakt...

Pas mal de gens définissent le dub comme une musique s’appuyant sur une ligne de basse récurrente, quelques samples qui changent de temps en temps, et pour certains c’est un peu toujours la même recette. Pour vous quelle serait la définition du dub ?


Moi, je n'ai pas de définition du dub. C’est super dur, super hybride. Ce que je connais de ce genre de musique, c’est plus son historique. On sait ou c’est né, et où ça en est maintenant. Jamaïque, Angleterre puis les Etats-Unis et la France. Y’a vraiment une migration géographique qui a entraînée une évolution du style. J’explique ça donc chronologiquement et géographiquement. Le seul truc que je retiens et qui me paraît vraiment important, c’est son caractère évolutif. Cette musique n’est pas figée, et c’est d’ailleurs pour ça qu’elle a quarante ans d’histoire. Chacun en fait ce qu’il veut, selon sa culture, selon son endroit, son époque, son matos. Il l’appelle dub ou pas. Dub dans le nom de son projet ou pas. Nous, on ne l’a pas fait, on s’appelle Brain Damage. Ca veut dire qu’on fait ce qu’on veut. Il y’a certains trucs qui ne sont pas du dub, c’est évident, surtout dans nos lives. Quand on collabore avec des gens comme Leroy Green, et qui chantent sur certains morceaux, ça n’est plus du dub. C’est du reggae, puisqu’il y’a une voix, que c’est chanté, mais lorsque l’on va refaire un remix de ses morceaux, ça redevient du dub. On ne sait pas, et on s’en fou. Moi ce qui m’intéresse, c’est vraiment l’évolution du style.


Et justement, comment avec-vous mené l’approche de l’album avec Leroy Green et Black Sifishi ?


On a voulu regrouper les deux choses qui nous intéressent le plus. On est effectivement beaucoup marqué par ce qu’il se passe en Jamaïque. Nous écoutons beaucoup de dub et de reggae de la bas et à l’opposé, il y’a aussi le coté avant-gardiste qui nous intéresse. C’est à dire le dub anglais avec, par exemples, les travaux d’Adrian Sherwood , ceux de Skiz Fernando [ndlr : aka Spectre] wordsound et aux Etats-Unis, audioactive au Japon, Rhythm and sound à Berlin. Et puis après c’est passé chez nous, donc ça nous intéressé, d’où la collaboration avec Black Sifishi qui est beaucoup plus barré dans ces directions là. Ca me paraissait super important de retranscrire ça sur l’album au mieux.


Vous êtes parti de la volonté de travailler avec des voix ? Ou alors vous avez fait appel à eux et ils ont rajouté leur sauce là dessus ?


Oui on a fait appel à eux. On avait déjà bossé avec quelqu’un qui s’appelle Tena Stellin sur le premier album. C’était une bonne collaboration avec ce genre d’artiste, et on a voulu changer.
Avec Leroy Green, ça a été une super rencontre. Un mec en or. On a déjà fait douze dates avec lui cette année, dix l’année dernière. C’est un mec super disponible. Il a envi et il a des choses à prouver puisqu’il à pas de « nom », donc c’est super bien c’était exactement ce qu’il nous fallait. Ce n'était pas forcement le cas de Tena Stellin , mais bon bref, je n'ai pas envi de m’étendre là dessus.
Quant au petit père Blak Sifishi, lui c’est l’exemple même du mec qui s’adapte. Il a plein de registre différent. Quand j’entends les trucs qu’il vient de faire avec Léna par exemple, ça n’a rien à voir avec ce que l’on a fait ensemble. C’est magique. Lui aussi c’est un mec qui est en or, et qu’a un talent fou. Il nous a fait un truc qui correspond exactement à ce qu’on s’attendait. Et ça fait toujours plaisir de collaborer avec des mecs super sympas. Là, on à fait une date avec lui, pour la soirée Jarring Effect y’a deux jours. C’est une super expérience pour nous. Encore une fois ça nous permettait de regrouper tout ce qui nous intéresse. Et le fait que ces mecs là, qui ne font pas du tout la même chose, se retrouve sur un même album, ce n’est pas innocent.


Tu parlais tout à l’heure de l’évolution géographique du dub, est-ce que pour le dernier album, vous l’avez enregistré au Conscious Studio à Londres comme pour Always greener ?


Non, mais en fait Always Greener, on avait juste fait les prises avec Tena Stellin, et les Jah warriors et , Steve Mosco [ndlr: aka Jah Warrior] là bas, mais sinon on fait tout chez nous.


Et quelle est la démarche spirituelle ou philosophique que vous voulez apporter à votre musique ? Dans Ashes to Ashes, il y’a des titres par exemple comme The unity of the Circle ou Blance of the Cube, qu’est ce que ça signifie ?


En fait c’est juste esthétique. C’est super compliqué à résumer. A l’origine ça vient d’un texte de Black Sifishi qu’il a écrit avec un mec qui s’appelle Barn Flentenger, qui anime l’émission Wreck This Mess à Amestrdam. Un truc complètement barré et super pointu sur l’évolution des musiques éléctro. Le texte fait trente pages, et c’est aussi complètement barré. Il y’a plein d’influences en particulier de certains écrivains américains. C’est de la poésie. Et est-ce qu’il faut expliquer la poésie ?
Après c’est un texte avec de l’Anglais un peu compliqué. Donc on va essayer de mettre la retranscription de celui ci sur le net, pour que les gens y est accès. Parce que ce n'est vraiment pas facile. Mais ils pourront ainsi donner leur propre interprétation.


C’est plus des concepts de Black Sifishi en fait ?


Oui, quand on travaille avec des chanteurs, c’est carte Blanche. Et pour leur mélodie, et pour leur texte. Il est évident que l’on ne va pas leur imposer quoique ce soit. Après si des trucs ne nous conviennent pas, on ne les utilise pas. Mais avec eux ce n'est quasiment pas arrivé.


Vous parliez de vos influences reggaes et dub tout à l’heure. Est-ce que ce sont les seules, ou comme beaucoup, vous venez également du milieu rock, punk-rock ?


Personnellement oui. J’ai joué dans des groupes de Rock’n’roll avant de faire du dub. Mais le dub j’en joue depuis vraiment longtemps. Mais j’ai découvert ça via des groupes de punk-rock comme the Clash qui on fait des trucs avec Mikey dread . Moi c’est cette histoire là qui m’a intéressé. La collaboration entre Adrian Sherwood et Bim sherman ? …Encore une fois c’est ce qu’on a voulu retranscrire dans l’album. Il y’a plusieurs feeling. Le coté occidental et le coté root.


Tu as l’air d’être fan de ce que fait Sherwood , tu l’as déjà rencontré ?


Non pas vraiment. Enfin j’ai du lui serrer la main deux trois fois, c’est tout. Mais, c’est vrai, j’ai été bon client de ces productions.


Justement tu aimerais peut-être travailler avec lui ?


Bah oui pourquoi pas, j’aurai sûrement des trucs à lui proposer. Mais lui, je ne sais pas où il en est maintenant. Il a sûrement plein de trucs à faire cet homme là. (sourire)


Et le nom Brain Damage, ça n’a rien à voir avec le morceau de Pink Floyd ?


Si si. Ca vient de là. On le revendique à fond. J’ai toujours était fan des premiers temps de Pink Floyd. Mais aussi des trucs un peu plus barrés, comme Tangerine Dream. Les trucs un peu plus ambiants.


Tout à l’heure vous évoquiez la scène jamaïquaine, anglais, etc., et aussi une soirée avec Jarring. Qu’est ce que vous pensez de la scène dub française ?


Il est évident qu’il se pace pleins de trucs du coté de la scène dub française. Et ça depuis un petit moment maintenant. ces coup de groupes s’affirment et qui fond des choses différentes et super intéressante et beaucoup plus abouti, grâce à l’expérience et au travail. Les plateaux dub sont de mieux en mieux, et ce n'était jamais arrivé en France de cette manière là.


Mais en fait pourquoi avoir fondé votre label ? et ne pas avoir signé sur une structure comme Jarring ?


Bah en fait, ce qu’il faut dire c’est qu’on travail avec Hammerbass. Quand on nous parle de la scène dub française, c’est clair qu’on a tendance à l’assimiler à Jarring. Et c’est un peu normal parce qu’ils font un travail énorme et qu’ils ont des grosses signatures comme High tone ou Ezekiel mais aussi pleins d’autres trucs derrière. J’ai beaucoup de respect là dessus. Ce sont nos voisins géographiques. On est de St Etienne, ils sont de Lyon. Il se trouve qu’on n' a pas signé chez eux, parce que ça c’est pas fait comme ça. On a en fait signé très tôt chez hammerbass, et je ne regrette pas, je suis super content de leur travail, j’aime bien leur catalogue. Y’a pleins de trucs. Y’a plus de sons anglais que de trucs français, mais le fait que nous, on ait baigné un peu dans cette culture, ça s’est fait naturellement.
Respect sur le travail de Jarring, respect sur le travail d’Hammerbass. Il n y’a pas beaucoup de concurrence, en plus, parce qu’ils évoluent dans des trucs un peu différents. Donc tout va bien.


Il n y’a aucune rivalité entre Lyonnais et Stéphanois ?


Ah ça, si c’est sur un terrain de foot, évidemment. (sourire)


Mais Bangarang, c’est votre label ?


En fait Bangarang c’est une unité de production.


Ce n’est pas un label ?


Au départ si, les deux premiers maxis sur le catalogue, on les avait sortis nous même. Mais banagarang, en fait c’est nous. C’est à dire Brain Damage et tout ce qui s’articule autour. Qu’il s’agisse du site Web, du graphisme, et tous les gens qui ont donné des coups de main. On essaye de faire des disques avec des Digipack sympas, et ils font donc parti intégrante de Bangarang. Et donc on voulait se réunir, à la manière de Universal Egg en tant qu’unité de production, au cas ou justement on ferrait d’autres projets.


Il y’a un deuxième artiste qui a été signé ?


Oui, il y’a Fedayi pacha qui travaille sur son premier album. Il fait un travail très prometteur et on espère que ça va donner quelque chose de très intéressant. Et l’unité artistique de Bangarang elle reste là. Mais à chaque fois que l'on a sorti un skeud à part les deux premiers maxi, on est passé par Hammerbass, parce qu’ils peuvent s’occuper de la promo, et on toute une expérience que l’on n'a pas.


Il est peut être aussi un peu risqué de créer son propre label par les temps qui courent ? Avec la fin de Vicious Circle et les problèmes financiers de Jarring ?


Bah ouai, mais on la prend en pleins gueule la crise, que ça soit les maisons de disques, les intermittents, mais il n’y a pas que le monde de la musique. Donc on ne va pas trop pleurer là dessus, c’est généralisé.


Et donc a part Fedayi pacha? Vous n’avez pas prévu de signer d’autres artistes ?


Pour l’instant non, même si on commence à être très sollicité, y compris par des pointures. Mais on à pas le temps en ce moment. En fait, on garde Bangarang sous le coude.


Et puis vous en profitez pour sortir les albums de remix sur Bangarang ?


Oui voilà. Comme Alpha & Omega, Jah Warrior, Manutention, Vibronics, General Dub…Ca nous intéressé à fond, puisque ce sont des gens qui viennent de partout justement.



Interview par Antoine
le 14/11/2004

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