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Kid Koala

: Interview avec Kid Koala




Peux-tu nous dire pourquoi ton concept-album (une bande dessinée avec un cd à jouer par dessus) Nufonia Must Fall est introuvable en France aujourd'hui ?

Je ne sais pas pourquoi mais le distributeur a foiré sur ce coup-là, c'est sorti en Amérique du Nord en Mars dernier, c'est sorti en mai en Grande-Bretagne et heu ... La Belgique et La France n'ont aucun exemplaire ! zéro ! (rires) Ca m'attriste car pour moi ce sont les berceaux de la bande dessinée. Mais on y travaille en ce moment. Hier, j'ai bien été obligé d'y aller moi-même, on a déposé quelques CDs à l'arrache chez Colette et Album (ndlr :magasins parisiens réputés, l'un pour son côté hype-concept-store, l'autre pour ses bandes-dessinées).

Sérieusement ? Mais tu peux pas couvrir beaucoup de magasins comme ça, juste avec ton sac à dos !

Nan, c'est vrai, mais je voulais juste qu'ils soient au courant. En fait, ce qu'il s'est passé c'est que le distributeur m'a dit que beaucoup de magasins français leur devaient de l'argent, alors ils ne leur envoyaient plus rien, donc je leur ai dit : " Mais j'y suis pour rien moi ! " (rires) Mais c'était marrant pour moi d'y aller à l'arrache, comme de sortir des mixtapes du coffre de ta voiture... Donc je pense que maintenant l'album n'est disponible que par internet pour la France.

Quant à tes prestations lives, il y a quelquechose de prévu pour nous, pauvres français ?

Oui, regarde ça va se passer comme ça :

il me montre un cahier avec des croquis de la scénographie de son prochain spectacle/concert, on y voit trois Dj's alignés et au centre un écran avec des projections de ce qui doit être ses cartoons.

Lui c'est P-Love, et là c'est Jester

il montre les Dj's sur le croquis...

Il y a huit platines en tout et ça ce sont des pianos, car P-Love et moi pouvons jouer la musique en direct.

Tu joues du piano en même temps ?

Oui avec la main gauche et puis avec la main droite aux platines, et P-Love joue la basse avec ses pieds...

Avec ses pieds ? ? ?

C'est un clavier comme sur les orgues, tu peux jouer avec les pieds et il fait la basse avec ça, et il peut émuler des parties de violons aussi... Ca c'est une chose et puis ensuite il nous fallait avoir différentes dispositions pour pouvoir jouer les titres du nouvel album Some of my best friends are Dj's . Quant à l'écran et la projection vidéo, ils aident à présenter les personnages principaux de la bande-dessinée à travers des animations que réalise mon cousin Monkmus.

Ah Monkmus, ton V.J, est aussi ton cousin alors ?

Oui, il a réalisé les vidéos de Basin Street Blues et Fender Bender , et il travaille sur plein de séquences de 30 secondes pour le prochain spectacle sur lesquelles on va monter des bruitages comme : (ndlr : il se met à taper un peu partout sur la table de jardin) , des bruits de portes, enfin des trucs à la con quoi. (rires) les cris des personnages quand ils s'engueulent sur l'écran (ndlr : il pousse des cris et des gémissements brefs).

Donc tout repose sur le fait d'habiller les images d'atmosphères et de sentiments par ta musique, si je comprends bien ?

Oui, il faut remettre les choses dans leur contexte, je ne fais pas de la Dance-music, je ne fais pas de la musique pour la radio, ça ne m'intéresse pas trop d'écrire des chansons. Avec les disques que j'utilise sur mes platines, j'essaie plus de faire un pièce de théâtre radiophonique, avec une tension auditive, comme dans le Muppet-Show, les Monthy-Pythons, les Kids in The Hall. En fait, on joue un titre, puis ensuite y a des dessins animés barrés, puis après y a des cochons dans l'espace qui font une opération chirurgicale, puis y a ce chef cuisinier qui prépare de la soupe, puis y a des poulets, puis on continue avec d'autres morceaux de musique... tu vois ?... Selon moi je suis une certaine logique quand j'enregistre mais quand les gens entendent ça ils sont un peu ... décontenancés !

Pour moi c'est bien de pouvoir monter ça en spectacle, le contextualiser. Jusqu'ici nous faisions du deejaying pour balancer du son et faire la fête, poser des disques de hip-hop et scratcher ou faire des passes techniques sur les platines et le public hurlait : yeaaaah (ndlr : il lève les bras à la B-boy) puis ensuite ils vont écouter l'album et ils se demandent : mais qu'est-ce c'est que ce truc bizarre ? (rires) Donc c'est pour ça que ce spectacle est important je pense, si on le joue correctement bien sûr (rires), parce qu'une fois que tu l'as vu, tu peux rentrer chez toi, écouter l'album et que ça prenne tout son sens. Même si c'est simplement savoir d'où proviennent certains sons.

Et dans quels types de salles penses-tu pouvoir jouer ce spectacle ?

Le public doit pouvoir être assis, sur des chaises autour de petites tables. Parce que ce n'est pas de la musique pour danser, donc pourquoi être debout si au final tu danses pas ? (rires)

As-tu prévu de venir le jouer en France ?

(ndlr : Kidkoala répond en français avec un très léger accent anglais mêlé au québécois ! ! ! )

Maintenant tous les dates dans l'Etats Unis et Canada est confirmées pour octobre, et novembre l'agent il cherche pour le venue, meilleur venue pour... (ndlr : il hésite...)

Il cherche des salles ?

(ndlr : il reprend en anglais)

Oui, une salle en particulier, on veut une ambiance assez intime, avec des tables et des chaises pour le public comme une salle de jazz...

Ou un cabaret ?

Oui, ou un cabaret, c'est plus romantique. (rires) oui, on veut que ce soit une soirée romantique, que les couples puisse se tenir par la main. La musique et l'histoire de Nufonia Must fall est une romance, d'ailleurs !

Tu parlais de ton univers comico-barré, mais il y a aussi pas mal de sentiments dans tes histoires...
( il rit ) d'accord c'est une histoire d'amour entre une fille et un robot mais bon...


C'est une tragédie ! ! ! (rires !)

Wa hé faut pas nous raconter la fin ! (rires)

(reprenant tout son sérieux !)

Pas évident d'écrire des chansons d'amour quand tu ne sais pas chanter... Donc ce robot a beaucoup de soucis. (rires)

Bon si on parlait de ton histoire personnelle, tu es arrivé quand à Montréal ?

(ndlr : à l'aise donc il s'exprime en français !)

En 1992, j'ai déménagé de Vancouver à Montréal pour faire des études pour l'éducation des enfants, parce que mon rêve était de travailler pour Sesame Street (ndlr : programme télé pour les enfant ambiance Casimir, avec des couleurs cheulous genre années 60/trip sous champis). Et ma mère n'était pas trop d'accord, car c'est une mère très stricte à l'éducation chinoise, elle m'a dit : " trouve toi un travail plus pratique et réaliste, donc je lui ai dit ok, je vais apprendre à enseigner en cours élémentaire, et elle était d'accord. Mais après avoir eu mon diplôme, j'ai voulu consacrer un an à la musique, et elle m'appelait tous les jours pour me répéter : " inscris-toi sur la liste des instituteurs remplaçants ! J'ai rencontré quelqu'un au ministère de l'enseignement, il peut t'avoir un entretien ! " (rires) Mais j'étais vraiment à fond dans la musique et je n'avais jamais eu l'opportunité d'y consacrer tout mon temps car j'étais tout le temps en train de potasser mes cours, j'animais des soirées en tant que DJ une fois par semaine et le reste du temps il fallait que j'aille en cours, donc après quand j'ai eu mon diplôme et que j'ai voulu faire de la musique elle m'a dit : " Ok, juste un an, si rien arrive en un an, tu arrête ! "

Et après tu lui as dis " Maman ! Je suis signé chez Ninja Tune " ! ! ! ! (rires)

Six mois plus tard j'ai juste eu un coup de chance ! Et huit mois après avoir eu cette conversation avec elle j'avais un contrat discographique. Alors je lui ai dit " je peux payer mon loyer maintenant ! ". Je ne suis pas très économe mais au moins je ne suis pas complètement à la rue ! (rires)

Et une signature sur un label, ou un label comme Ninja Tune ne signifiait pas grand chose pour elle ?

Non, pas vraiment, mais elle a réalisé à un certain moment que ses enfants sont ses enfants et qu'ils vont faire ce qu'ils veulent ou devraient faire, sinon...

Mais elle est même pas un peu fière quand elle voit ton nom sur les magazines ou sur un disque ?

Ah mais oui, elle est contente maintenant. C'est ma première fan, elle a acheté tous mes disques, et tiens ! Un truc marrant : elle a acheté un grand cadre, une grande plaque qui prend tout le mur, et dès que je sors un truc même si c'est un remix elle l'accroche dessus, donc ils sont tous sur le mur, et elle me demande dès que je l'ai au téléphone: " hé, t'as rien sorti de nouveau ce mois-ci ? " Donc je lui envoie tout et dès que je rentre à Noël, ils sont tous là à la vue de tout le monde ! Et si tu regarde de très près... Ils sont encore sous emballage ! (rires)

Elles les a même pas écoutés ! (rires)

non, l'emballage était intact !

Et elle est déjà venue à tes concerts ?

Elle n'était jamais venue à mes concerts avant l'an dernier, mais elle apprécie. Je fais des concerts dans le monde entier depuis 1996, mais elle a vraiment commencé à venir me voir en 2002. Ma grand-mère est venue en 1998. Mais ma mère ne va pas trop en concerts ou en club, et on a jamais vraiment joué près de là où mes parents vivent.

Peut-être que ce nouveau spectacle en particulier elle peut mieux l'apprécier, puisqu'il y a du piano et que c'est elle qui t'as fais prendre des leçons...

Oui, exactement, pour leur anniversaire de mariage je les ai invités à l'un de mes spectacles à New York, et elle a vraiment apprécié. Au moins elle se dit pas qu'elle a gâché son argent en me faisant prendre des leçons de piano !

Au moins elle ne dit pas : " mais qu'est-ce que tu fais ! Tu abîmes ton disque à le frotter comme ça sur le diamant !

Elle dit toujours ça (rires), mais c'est marrant, elle est très encourageante quoi qu'il en soit. Au départ elle était plutôt inquiète car elle pensait que j'allais mal tourner, mais quand elle a vu que je m'amusais, que je travaillais très dur sur mes projets, que je ne faisais de mal à personne. Quand elle est venu au concert et qu'elle a vu l'ambiance... Avant elle avait en tête : " Tu vas dans des boîtes de nuits tous les soirs, c'est dangereux, y a des armes à feu ! De la drogue ! " Ca me faisait bien marrer !

Pourquoi as-tu été attiré par Montréal, à part les études, à cause de la scène musicale foisonnante ?

Parcequ'à 18 ans à Montréal tu peux aller dans les bars ! (rires) (ndlr : Au Canada, l'âge légal pour consommer de l'alcool varie de 18 à 19 ans selon les provinces). Plus sérieusement, c'est que toute ma famille est passé par l'université Mc Gill, et que ça coûtait aussi moins cher qu'à New York où j'étais accepté aussi. Mais Montréal est aussi une ville vraiment cool quand t'as 18 ans, donc j'y suis resté !

Mais tu connaissais un peu la scène Montréalaise ? Le label Constellation, Bran van 3000, Freeworm ?

Non je ne les connaissais pas à l'époque, je les côtoie maintenant, mais quand je suis arrivé, je jouais surtout avec mon groupe Bullfrog et ça a été mon projet le plus ancien et le plus durable, j'ai commencé à jouer avec eux bien avant ma signature chez Ninjatune. Nous jouions toutes les semaines, le mardi, et au début c'était devant un public de 5 personnes ! (rires) Mais après un moment c'était devenu la seule chose à faire le mardi ! c'est là que j'ai appris à jouer en live, à rattraper un diamant qui saute en plein set ! (rires) Je jouais en introduction, les gens posaient leur manteaux, commandaient un verre, et le groupe arrivait pour jouer un set, puis au milieu je jouais un autre set, et j'essayais de placer mes nouvelles expérimentation, et des trucs bizarroïdes, puis le groupe reprenait pour un autre set et après ça je posais de la musique pour le chill-out à la fin, pour moi ça me permettait vraiment de m'habituer et de me sentir à l'aise sur l'instrument.

Ca t'a donné l'opportunité de vivre une expérience au sein d'une formation, c'est très différent de ce que fait un DJ seul ?

Parce qu'avant ça , j'ai fait beaucoup de compétitions, comme les DMC, à m'entraîner dans ma chambre à regarder les murs tout en travaillant mon jeu de main sur les platines...

Et cette partie de ta vie est finie, tu ne fais plus de compétitions, tu n'essaies plus d'inventer de nouvelles façons de scratcher pour ces contests ?

Je pense que tous les DJs tentent toujours d'inventer et de s'améliorer. J'ai aussi fait des concours de piano quand j'étais plus jeune, mais je détestais ça. Ca gâche vraiment le plaisir de jouer, en tout cas en ce qui me concerne. Mais je pense que pour le Deejaying, les battles sont très importantes pour cette culture mais ... je pense que je ne suis pas dans cette mentalité ... Enfin pas tout le temps. Les gens me disent " vas-y fait ce truc là, tu vas le détruire ! " mais j'ai envie de leur dire " Je veux rien détruire du tout moi, je veux juste réaliser quelque chose " , tu comprends ?
Dans les battles, ça revient à devoir vaincre quelqu'un... enfin pas seulement ça mais c'est le but annoncé... et je pense que la musique est plus sensée lorsqu'on se trouve en elle, plutôt que de " tuer " tous les autres simplement pour se trouver soi-même, en toute situations, par tous les moyens.
Je suis un DJ qui aime la compétition mais face à moi-même, j'essaierai toujours de dépasser ce que j'ai déjà fait, de tenter de nouvelles choses...

Quelles sont tes dernières trouvailles à ce propos ? As-tu découvert des nouvelles façons d'utiliser tes platines ? Comme DJ Q-Bert qui utilisait le bras sur lequel se trouve le diamant pour scratcher.

C'est difficile de dire si c'est nouveau, je sais pas ce qui a déjà été fait. Je ne peux me poser comme l'inventeur d'aucunes de ces figures sur un plan historique aux contours si flous. Mais je sais ce dont je suis capable, et je sais ce que je veux être capable de faire. C'est tout ce que j'essaie de faire, tous les jours, essayer d'être meilleur et chercher plus loin. Ca a toujours été un but pour moi, parce que le Deejaying est particulièrement orienté vers les passes. J'en fais aussi, moi même, juste pour le show, parce que les gens aiment ça, et parce que j'aime ça aussi. Mais en même temps mes expériences musicales les plus inspiratrices ont toujours été quand un musicien respirait sa musique et en faisait ressortir quelque chose. Maceo Parker, en solo, au saxophone... Il jouait Georgia on my mind et quand j'ai vu ça j'ai réalisé combien j'étais jeune sur mon instrument parce que je ne pouvais pas donner ce feeling à un public, je peux faire crier les gens dans une fête, ou les faire se demander d'où viennent ces bruits étranges ! Mais il m'était impossible de donner cette émotion. Donc pour moi ça revenait vraiment à apprendre son instrument et à apprendre la musique, à être un apprenti musicien toute sa vie.
Le plus important pour moi est de connaître le blues, apprendre les accords, trouver les mélodies, apprendre à jouer ces mélodies. Tout ce que je peux faire c'est une octave de 4 notes pour l'instant (il fait une montée de quatre notes à la bouche comme un basse syncopée par le scratch) ou une tierce diminuée (descente de trois notes à la bouche !) Puis au delà, ca devient n'importe quoi : (il cherche les mêmes notes de basses en imitant l'effet de la vitesse irrégulière du vynile sur la platine), parce je n'ai pas encore l'adresse nécessaire et mes muscles ne suivent pas ! Ca va me prendre 20 ou 30 ans avant que je puisse maitriser ça. Ensuite, une fois identifiée et maîtrisée, apprendre à utiliser cette gamme, à en jouer, à respirer à travers tes platines. C'est à ça que j'aspire. Et j'en suis encore bien loin (rires)

Pour l'adresse, tu dois t'entraîner en jouant aux jeux vidéos, non ?

Euh ... Ben tu connais Pacman ?

Euh ouais je connais mais parle pas de Pacman s'il te plaît, parcequ'après les gens vont encore faire l'amalgame entre la drogue et les musiques électroniques, tu comprends ?

(rires) ... Bon, ben prends Donkey Kong... C'est une sorte de tragédie romantique, parce que je pense qu'il l'aime, mais elle est très loin de lui, donc pour parvenir jusqu'à elle, il doit casser tous les tonneaux et grimper à plein d'échelles et il y a un gros singe qui essaie de le faire cramer... Tu vois, c'est un peu comme la vraie vie ! (rires)

(moi, ébahi) : Putain, ouais t'as trop raison !

Nan mais vous devez connaître ça ici à Paris, la ville la plus romantique du monde, n'est-ce pas ! (ndt : dit en français)

Je vais aller à Montmartre pour en avoir le cœur net ! Juste pour voir s'il y a des flêches dessinées sur le sol.

Des flêches ?

(ndt : en français) Comme dans Amélie Poulain.

AAAAAAh ok ! Ben tu pourras même voir l'épicerie si tu cherches bien, ils ont gardé le décor du film.

Ah d'accord. Tu te souviens de cette scène ? Quand elle dessine les flêches sur le sol, pour guider son copain, parcequ'elle est timide... Autant d'efforts, juste par timidité !

C'est ce qu'il y a de terriblement romantique à cette scène, en effet.

Je crois que tout le monde tombe facilement amoureux d'elle...

Est-ce que c'est ce film qui t'as mis dans l'humeur d'écrire l'histoire de Nufonia Must Fall ?

Pendant que je dessinais Nufonia Must Fall, j'avais la B.O d'Amélie Poulain qui passait en fond sonore. Pareil dans le van, quand on part en tournée le voyage peut durer huit heures ! Moi je suis assis là, à rien faire, alors je prends un cahier et je dessine !

...

Mais je crois que elle, elle est amoureuse ! (ndt : il pointe son regard vers une fenêtre de l'hôtel, où une cantatrice fait ses vocalises de manière, il faut l'avouer, fort charmante. On enchaîne, morts de rire : )

Ca c'est romantique, je dois l'avouer !

T'as vu ? (rires) je suis entouré de visions romantiques quand je me ballade ici. Même dans le métro ! Je comptais le nombre de couples qui s'embrassaient dans le métro tout à l'heure, et à paris ça bat tous les records de tous les métros des villes où je suis passé, et j'en ai fait beaucoup ! Même à Montréal, qui est la ville la plus romantique d'Amérique du nord. Et bien Paris vaut 1000 Montréal !
C'est un bon moyen de jauger le romantisme d'une ville, tu vas dans certains métros, les gens sont là : ndt : il fait une grimace et un grognement...

(rires)

tout d'un coup, il se met à faire une bruyante vocalise en direction de la fenêtre de la cantatrice qui avait fini ses gammes puis se tait d'un seul coup... On reste là ébahis et il nous sort l'air grave et en haussant les épaules après quelques secondes:

Tu vois, c'est une tragédie !

(rires) Waaaa le cri d'amour du koala !

puis à ce moment là quelquechose de magique se passe, la cantatrice réapparaît à la fenêtre et nous adresse un sourire...

Ca a marché ! On devrait l'inviter (je l'appelle !)

Nan, je crois que je suis trop jeune pour elle !

Ah nan, t'inquiètes pas, tout n'est pas fini entre vous deux !

Bon... hum... pour revenir à tes dessins, est-ce que tu évites sciemment les commentaires et les dialogues ? C'est pour laisser parler l'image en elle même ?


Ben disons que ce sont des personnages solitaires, c'est pour ça qu'ils ne parlent jamais ! Je connais beaucoup de gens solitaires qui se parlent à eux-mêmes, mais la règle c'est : ne réponds jamais ! (rires)
Non mais je pense que c'est mieux de laisser le lecteur mettre ses propres mots...
J'ai appris ça en regardant les Charlie Chaplin, et d'autres films en noir et blanc.

En ce qui concerne tes disques, où est-ce que tu les dégotes ? T'as des endroits favoris à Montreal, des puces ?

Quand je faisais mes études pour être instituteur, les écoles m'ont refilé plein de vinyles au moment où ils sont passé au cd. J'en ai eu tellement qui venaient de l'école ! Ce qu'il y a de marrant quand t'es un DJ, c'est que à un certain moment ta famille s'en rend compte et ils commencent tous à vider leur grenier ! (rires) il imite un membre de sa famille : " Débarrasse-moi de ça ! "
Donc c'est pour ça que j'ai 8 exemplaires de " Glasstiger ", ou " Air Supply " !
Non mais sinon je vais aux " Barber shops ", ou à l'armée du salut...
Ca me plaît assez de créer quelque chose à partir de ce dont les gens veulent se débarrasser.

On peut aussi remarquer que Nufonia Must Fall nous rappelle un peu les livres / cassettes à histoires de notre enfance, celles où il y avaient toujours une voix d'acteur connu pour nous bercer, et sa photo ridicule sur la couverture... La bande son faisait " bip " pour indiquer quand tourner la page !

On voulait mettre des " bips " ... Mais sur 300 pages on s'est dit que ça faisait beaucoup trop de " bips " !

(rires)

T'as déjà eu l'occasion de voir la réaction d'un gamin sur ton album et tes dessins ?

Je ne pense pas que les enfants aimeraient ... Enfin, peut-être que si... Par contre je pense qu'ils aimeraient la musique.

Mais les enfants aiment bien les robots...

Peut-être, oui. Mais les enfants aiment les couleurs en revanche. On a pas pu se permettre de le faire en couleurs , c'était beaucoup trop cher.

(rires)

Oui mais je vois que tu laisse la possibilité aux enfants d'y mettre leurs propres couleurs à l'aide de leurs propres crayons de couleurs...

(rires) Oui ! C'est un vrai livre à colorier de 300 pages ! ! !

Non mais je repense juste à ce moment de l'histoire où le personnage se fait écrabouiller ! Je sais pas si les enfants aimeraient ça...
Il y a un nouveau robot là où il travaille qui a beaucoup plus de bras de qui bougent plus vite, donc ça fait qu'à cause de lui notre petit robot va se faire virer. Il essaie de garder la même cadence au travail que le nouveau robot, mais il a deux mains gauches et donc il foire tout !

Il nous montre la scène où les deux pesonnages de la jeune fille et du petit robot se rencontrent...

C'est à ce moment là qu'ils se rencontrent ! THE moment !

On peut remarquer qu'il y a de nombreuses références au temps qui passe et au futur, si je ne m'abuse ?

A la modernité?

Oui à la modernité. Est-ce ce que tu exprimes une peur du futur, ou est-ce que tu es plutôt optimiste sur les décennies à venir ?

(sur un ton rassurant) Je pense que tout va bien se passer... Peut-être... Selon moi, le monde va devenir si gros, pullulant et dingue qu'il va déménager sur Mars et qu'il deviendra tout aussi gros, pullulant et dingue jusqu'à ce qu'il investisse une autre planète.
Je pense que l'histoire de Nufonia Must Fall exprime simplement ceci : Malgré toute cette folie, cette surpopulation, ce chaos ... Chaque individu essaie de trouver les raisons de son existence et le chemin qu'il doit emprunter dans sa vie.

Mais c'est une histoire romantique avant tout. Mon premier livre, Carpal tunnel syndrome, est un parfait exemple ! C'est l'histoire d'un petit DJ qui va mixer en concert, mais la musique est si étrange que le public lui jette des trucs dessus et ensuite il se fait blesser au bras ... Ensuite il essaie de se défendre mais il se prend les pieds dans les câbles de la mixette et il s'étale comme une brave merde. Et bien j'ai reçu une lettre d'un petit garçon de neuf ans qui dit : " Mr Kid Koala, j'aime beaucoup votre musique, je dis à ma maman de mettre ton CD dans la platine quand on fait un barbecue dans le jardin, et quand toute ma famille vient à la maison. Mais je pense que le livre est pas bon du tout parce que la fin est très triste et ce n'est pas très bien. Alors je l'ai corrigé " Et ce gamin m'a dessiné un livre ! Et en fait c'est sa version, alors au lieu que le héros trébuche et qu'il tombe il finit par devenir le super-mec qui balance des disques partout et qui détruit les " méchants ". Et il a une fin triomphale ! Tout est dit, c'est toute cette innocence et cet optimisme de l'enfance.
Mais je ne pense pas être un pessimiste par contre. Il s'agite sans vraiment s'énerver : j'ai eu le cœur brisé un certain nombre de fois et je sais que ça vient de ces démons là. Tu dois l'adresser à ton cœur mais après ça, tu sais , tu le surmontes. (prenant un air d'invité de Mireille Dumas) Et maintenant ça fait juste drôle de temps en temps... (rires)

Oui mais quand il trébuche c'est drôle, tu trouves pas ?

Oui, un mec qui trébuche ça fait toujours marrer. Personnellement, j'aime bien voir les gens s'étaler. Des fois je m'assied à une terrasse à Montreal à attendre que les gens se ramassent. Tu repères un beau trou sur un trottoir, tu t'assieds et tu regardes...

Tu les aide aussi ?

Bien sûr !

Nan ? Tu jettes des peaux de banane aussi ?

(rires) Nan, nan, je ferais jamais ça... Ce qui est marrant ce sont les gens qui marchent avec leur portable et qui se prennent des poteaux !

Mais je trébuche beaucoup moi même, je suis très maladroit... (rires)

Tu peux nous montrer ça ?

Ouais ! (rires) Viens à n'importe quelle date de ma tournée ! C'est un désastre !

Tu as l'air de bien aimer la France, tu connais des artistes français ? Tu as des contacts ici ? Des gens avec qui tu aimerais collaborer ?

Il y a ce jeune que j'ai rencontré à Montpellier... Dj Khalid (ndlr : 8ème aux DMC Contest en 2000 et qui prépare actuellement un album accompagné de mc's marocains). Ce qu'il faisait avec ses platines c'était incroyable. C'est un " scratch Dj ", tu vois ? Et le mec est encore super jeune !

Il avait quel âge ?

Je crois qu'il a 19 ans ou un truc comme ça. Mais oui j'aime bien la musique que vous faites en France. La musique du film " Amélie Poulain ", Yann Tiersen est fantastique, Kid Loco, Gotan Project ...

Pas de projets de collaborations ?

J'ai les ai pas encore rencontré, peut-être qu'on se rencontrera un jour... (rires)

Pour finir, est-ce que tu vas rester fidèle à Ninja Tune maintenant que tu es célèbre et que tu as toutes les nanas à tes pieds ?

(rires)

Je ne suis pas célèbre et je n'ai pas toutes les nanas à mes pieds !

C'est marrant parce qu'au Lycée, on faisait du Djaying parcequ'on pensait que c'était un bon moyen de rencontrer des filles ... On a été très déçu ! (rires)
Mais j'ai le sentiment que la musique n'est pas assez " sexy ". Si tu fais plus des trucs du style " Serge Gainsbourg ", je dis pas ! Mais il avait quand même des morceaux vachement libertins ! Il arrive à chauffer tout le monde. Filles ET garçons ! Mais je fais mon possible. Je crois que les filles ont préféré la musique de Nufonia Must Fall aux autres disques que j'ai fait. Elles n'ont pas aimé celui avec la danse des poulets qui explosent par contre (rires).

Si, si, j'en connais qui ont aimé, elles ont aimé l'humour du truc figures-toi... Et en France on dit bien " femme qui rit a un pied dans ton lit ! "

C'est vrai ? (rires) d'accoooord !

Interview par dClem
le 23/07/2003

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