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Dead hollywood stars

: Interview avec Dead hollywood stars




Il semblerait que tu attaches une importance toute particulière à DEAD HOLLYWOOD STARS, peut être plus encore que tous les autres projets musicaux auxquels tu participes et ils sont nombreux. J'en veux pour preuve l'annonce de la sortie de "JUNCTIONS" plutôt médiatisée, l'unanimité des différents webzines et autre presses spécialisées, la collaboration entre HYMEN et MAD MONKEY pour une distribution équitable et satisfaisante et bien sûr cette tournée en compagnie de MOTH BOY (initialement c'est SCORN qui devait vous accompagner), puis TECHNO ANIMALS. T'étais-tu fixé un objectif précis, un but dans ta carrière ?


JOHN- Je ne dirais pas que nous avons atteint un objectif. Mon idée avec DEAD HOLLYWOOD STARS était plutôt d'obtenir un impact plus important, vis à vis de la plupart des autres projets musicaux tels que XINGU HILL, qui s'adressent en particulier à un publique ciblé, amateur de musique très électronique. Non pas que nous le fassions exprès, mais on est dans ce style depuis longtemps et les labels qui diffusent sont ciblés eux-mêmes. Et puis ce n'est pas un genre très facile à écouter pour ceux qui n'y sont pas habitué. J'ai parfois l'impression que beaucoup de monde connaît cette musique là et en fait pas du tout. Il y a très peu de gens qui écoutent, même si le côté très électronique, voir expérimental se retrouve dans des choses très pop, comme BRITNEY SPEARS. On voit que derrière tout ça, il y a des producteurs qui, manifestement, écoutent des musiques très pointues, et remixent ça à leur sauce dans des chansons purement pop. Pour DEAD HOLLYWOOD STARS, nous voulions faire quelque chose de tout à fait différent, en comparaison au reste, sortir un peu du ghetto électronique. C'est vrai que nous avons un public, mais il peut être bon d'essayer de toucher d'autres gens. Je ne sais pas si on y arrive, mais en tout cas le point de départ était clairement de faire une musique qui nous plaise à 100%, sans pour autant faire de compromis de types commerciaux, et ce n'est pas le cas.


L'étiquette "d'electro-pop" (sous entendu "à but commercial") qu'on a pu lire parfois n'est donc pas valable ?


JOHN- Non, je ne trouve pas que ce soit commercial dans n'importe quel sens. Simplement, nous nous sommes dit que nous allions peut-être faire quelque chose d'un peu plus mélodique, plus proche d'un type de format de chanson spécifique, sans pour autant se censurer ou prendre de précautions particulières. D'ailleurs nous écoutons pas mal de musiques différentes, pas essentiellement de l'électro, et DEAD HOLLYWOOD STARS nous permettait de partir dans des directions que nous n'avions pas encore exploré. Mais en résumé, on recherchait effectivement à toucher un autre publique, mais sans se forcer et même si on ne le trouve pas, ce n'est pas grave. Mais il est vrai que je n'ai jamais eu autant de retours que pour "JUNCTIONS". Ceci dit, il est agréable de constater que des gens extérieurs à ce milieu donnent leur avis, car à force de sortir des disques plus ciblés, on a parfois l'impression de revoir toujours les mêmes personnes, de lire toujours le même type d'appréciations.


Tu es un musicien très prolifique, mais n'as-tu pas peur de te répéter à la longue ? Trouves-tu en permanence, la créativité nécessaire à l'accomplissement de chaque nouvel album ?


JOHN- Jusqu'ici j'essaye, mais il y a des limites à tout. Y comprit au sein d'un même projet. C'est pourquoi nous essayons de ne pas trop nous répéter d'un disque à l'autre. Par exemple, chaque nouveau XINGU HILL reste un peu dans la même veine, tout en évoluant, en marquant une différence. Ceci étant du au fait qu'il s'écoule toujours 1 ou 2 ans entre chaque album, périodes pendant lesquelles les influences vont et viennent, mais aussi parce que nous avons des goûts musicaux très variés. Il m'arrive d'être convaincu que le dub est la musique la plus merveilleuse du monde, puis le mois suivant ce sera des choses très électro et pour finir, c'est du métal que je vais écouter pendant plusieurs jours. Il y a également une vraie volonté de ne pas se répéter. Lorsque nous débutons un nouveau projet, nous ne nous donnons pas trop de directives, ne serait-ce que parce que nous n'arrivons pas à les suivre. Mais nous sommes sûrs de ne pas vouloir refaire la même chose que précédemment.


C-DRIK- Tout nous inspire, et chaque projet à un style plus ou moins éclectique. AMMO à un style, MOONSANTO à un style, AXIOME à un style etc...


JOHN- On a toujours des idées de départ. Mais ensuite, rien ne vient prédire ce que sera, ou ce que devrait être le contenu d'un album tout entier.


C-DRIK- Y'a bien un album de hip-hop de prévu...


JOHN- Oui... Hum.. On l'a pas encore fait.. (rires). Mais bon, il y a effectivement beaucoup de projets et c'est vrai que j'aimerais un peu ralentir. Ca ne veut pas dire pour autant qu'au lieu de faire dix albums par an, n'en faire plus que cinq, j'exagère, mais tout de même, en faire un peu moins.
  
T'est-il déjà venu à l'idée d'enregistrer un album entièrement acoustique ou tout au moins, dans lequel le côté électronique serait très largement en retrait ?


JOHN- C'est le genre de chose qui me passe par l'esprit, oui. En ce moment, DEAD HOLLYWOOD STARS m'apporte la plus grande satisfaction par exemple. Spécifiquement parce que ça sort justement du 100% électronique. Nous avons beaucoup travaillé pour "Junctions" sur des bases acoustiques, modifiées par ordinateur ensuite. C'est une démarche que j'aime particulièrement. Un peu comme SNOG, bien qu'il tende à être de moins en moins électro. Le dernier ("Beyond the valley of the proles") est vraiment très acoustique. Maintenant, de là à supprimer l'apport d'électro, je n'irais pas jusque là. C'est un moyen de production dans lequel je me sens à l'aise. Et puis je n'ai pas vraiment les capacités requises; Je ne suis pas un grand musicien, et faire quelque chose d'absolument acoustique, qui soit convenable n'est pas encore dans mes possibilités. En revanche, travailler avec d'autres personnes, manipuler ces fameuses bases acoustiques, m'intéresse énormément. Je tendrais un peu en ce moment à explorer ce type d'approche musicale. j'ai même des idées pour XINGU HILL, histoire de ne pas me répéter. "Alterity" et "This anxious space" (Composé avec la collaboration de SQUAREMETER) étaient bien, mais ça ne sert à rien de vouloir atteindre exactement le même résultat. Il faut savoir passer à autre chose. Et donc, intégrer des éléments acoustiques.


Un peu comme SOMA ?


JOHN- Je ne pense pas car SOMA travail pas mal avec du matériel samplé et je préfèrerais être avec des musiciens. Un peu comme pour DEAD HOLLYWOOD STARS. J'aime de plus en plus ce mélange d'électronique et d'acoustique.


MOONSANTO est un projet bien à part, mélange de satyre politico-sociale et d'humour noir, qui possède tout de même une sorte de force d'engagement, même s'il faut lire entre ses lignes. Est-ce ton moyen de faire savoir tes opinions, à ta façon ou est-ce plutôt un projet moins revendicatif qu'il n'en a l'air ?


JOHN- Je reste persuadé, surtout dans notre style de musique qui ne possède pas un impact sur beaucoup de monde, que ce soit par-là que les idées doivent véhiculer.


C-DRIK- Par expérience, je sais que certaines personnes n'ont jamais entendu parler des OGM et qui me disent "Mais alors, ce que vous racontez dans MOONSANTO, c'est vrai ??" ... Et il ne faut pas prendre les gens pour des cons non plus. D'ailleurs, je suis sur un projet politico-ecolo-anarchiste et je sais d'avance que le trois quart des gens qui viendront me voir, serons plus ou moins du même avis que moi. Si je voulais vraiment faire entendre ma voix, je ferais quelque chose de super commercial. Mais ça sert à rien, les gens n'écouteront que la musique..


JOHN- Pour en revenir à SNOG, je voudrais ajouter que leur dernier disque est vraiment excellent. Musicalement déjà, il est fantastique. Et puis il est très "pop". C'est le genre de disque qui pourrait, s'il tombait entre de bonnes (ou de mauvaises) mains, passer à la radio. Le paradoxe vient au niveau des paroles, qui sont encore plus virulentes que d'habitude et d'une certaine manière, il pourrait toucher des gens dont la cause n'est pas gagnée. Ca peut servir d'information. Néanmoins, je pense que la musique n'est pas toujours le bon média pour propager des opinions. Je trouve ça assez réducteur. MOONSANTO se contente de dénoncer les OGM, point final. On s'amuse là-dessus. Ca n'informe pas grand-monde. On a prit ça comme prétexte car c'est un sujet qui nous tient à cœur, mais il n'y a pas volonté de faire passer un message concret et développé. Il existe de meilleurs moyens de s'informer. Ceux qui ont de l'impact sont les artistes qui vendent des albums au million. Mais il y en a peu. Ca vend moins.


C-DRIK- Même lorsqu'ils le font. C'est bien souvent pour une période. Au moment de la sortie du disque, et après c'est finit. C'est comme la cause du Tibet : De temps en temps une compile, de temps en temps une intervention des BEASTIE BOYS, mais le reste du temps il n'y a pas beaucoup de médiatisation. Je rejoins John sur le fait que la musique est un véhicule moyen. Les gens écoutent de la musique, basiquement pour la musique. Ceux qui écoutent réellement les paroles sont moins nombreux à mon sens.


As-tu des projets autres que la musique ?


JOHN- C'est clair que j'essaye de m'intéresser à des dizaines d'activités différentes. J'ai toujours des idées pleins mes cartons. La vidéo m'intéresse, l'animation m'intéresse, j'ai travaillé pendant un moment dans un studio de création en 3d de courts-métrages, la bande dessinée m'intéresse beaucoup et c'est vrai que j'ai des contacts avec plusieurs dessinateurs, mais il est trop tôt pour en parler. Comme je l'ai dit, j'aimerais mettre un frein à la musique et partir dans d'autres directions.


C-DRIK- Pour moi se serait plutôt les vêtements. Ma compagne est styliste, et il m'arrive d'en dessiner, pour les faire faire par la suite. Pour l'instant je n'ai plus du tout le temps, alors j'ai des stocks de tissu qui moisissent... Il y aura quelque chose, mais rien n'est établit pour le moment. Je me passionne pour le stylisme, tout ce qui est un peu cyber, ce genre de chose. Disons que c'est en suspension...


Y'aura t'il une éventuelle suite de collaboration avec David Thrussel dans le futur ?


JOHN- En fait nous sommes en train de travailler sur un disque en ce moment. C'est un petit projet, qui pourrait d'ailleurs même sortir cette année, mais c'est en court. Mais bon, je ne souhaite pas trop en parler. Je préfère être sûr de mon coup, on ne sait jamais. Ceci dit, nous continuerons à collaborer de toute façon dans l'avenir. De plus il est assez difficile pour nous de nous voir. Il est en Australie, moi en Belgique, ça fait un bout... On n'essaye de se rencontrer autant que possible pour ce genre de travail. Par correspondance c'est beaucoup moins drôle...


Question obligatoire : Ton disque de chevet, celui que tu écouteras toujours ?


JOHN- "Escape from New-York" de John Carpenter. Je l'ai écouté des centaines de fois. Il m'a énormément marqué et c'est un des albums qui m'a attiré vers la musique électronique. Mais il y en a tellement d'autres que j'adore...


C-DRIK- Assez difficile... "Silent" des LEGENDARY PINK DOTS. Je pourrais également t'en citer des tas d'autres.


Pourrais-tu nous en dire plus sur le label FALLING ELEVATORS ?


JOHN- C'est un label collectif. Il intervient lorsque C-DRIK, Olivier d'IMMINENT ou moi, nous voulons sortir un disque nous-mêmes. Soit parce que nous savons qu'aucun label ne fera le travail aussi bien que nous, en ce qui concerne par exemple la sortie d'un album dont le style musical est assez difficile ou comme une sorte de test. Nous restons entièrement libres de nous en servir, et les productions n'ont aucune dates de parution précise. Pas de planning. Si on ne trouve pas de label, on se sert de FALLING ELEVATORS. Parfois nous recevons des démos, mais je ne me sens pas du tout l'âme d'un manager. Donc nous ne prenons pas en charge ces demandes.


C'est avec une joie non-dissimulée que je t'annonce le grand moment de la question chiante. Pourrais-tu définir le monde dans lequel tu vis ou dans lequel tu crois vivre, en 5 termes ?


JOHN- Wouah ... Après un concert en plus (rires)... J'aime bien dire grotesque. Absurde. Excitant. Un peu désespérant (rires). Et en cinq... Amusant !


C-DRIK- Grotesque, désespérant, affligeant, moche, etc (rires)... Et mon micro-monde, plus ou moins beau. Je m'enferme. Chez moi, mon fils, ma compagne, mon ordinateur ! (rires)


( La fin de l'interview perd à peu à peu tout son sérieux. Trop bon ! )


JOHN- On n'est pas en train de pleurer ! (rires)


Le mot de la fin ?


JOHN- Le mot de la fin .. Je serais tenté de parler de la guerre imminente, mais ce serait peut-être un peu ridicule .. Le mot de la fin .. hum .. Le mot de la fin .. (Long silence) .. Le mot de la fin .. (Très long silence) ...


C-DRIK- ACHETEZ NOS DISQUES !!!! (rires)



Interview par Yragael
le 23/03/2003

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