L’une des grandes attentes de cette année était assurément celle du nouvel album de Julia Holter, la californienne étant l’une des artistes pop les plus passionnantes de ces dernières années, et n’ayant qui plus est rien sorti depuis le particulièrement ardu Aviary il y a six ans. La maternité qui a marqué la vie de la compositrice pendant cette absence a semble-t-il adouci ses récentes aspirations musicales qui se présentent sous un jour nouveau via ce magnifique Something in the Room She Moves, clin d’œil au « something in the way she moves » chanté au début du Something des Beatles et que Julia Holter utilisait parfois pour bercer sa fille.
Julia Holter a toujours été de celles qui souhaitent élargir le spectre de la pop et frotter celle-ci à des influences plutôt héritées de la musique contemporaine. De celles aussi qui font de chaque album non pas un ensemble de chansons proprement calibrées mais une aventure intérieure intense possédant sa propre narration et gardant encore de nombreux mystères après moult écoutes. De celles que d’aucuns comparent à Kate Bush pour cet esprit défricheur combiné à l’élasticité de sa voix et la féérie de son univers.
Something in the Room She Moves arpente de nouveaux territoires sonores se révélant au fil des écoutes, le tout étant appuyé par des arrangements seventies à la rondeur enveloppante et chaleureuse (basses, flûtes et saxophones). Comme chez ses prédécesseurs, l’album se permet quelques digressions vocales (Meyou) ou instrumentales (Ocean), offre des chansons étrangement bigarrées (Sun Girl et Spinning ci-dessous) et délivre quelques sommets d’émotion (la sublime Something in the Room She Moves ou la déstructurée Talking To The Whisper).
Chroniqué par
Romain
le 30/03/2024