Wilco

Voilà maintenant près de trente ans que Wilco sillonne les routes américaines de la pop et de la folk, soit en empruntant les grandes nationales, celles aux racines plus ancrées dans les traditions (le double-album Cruel Country sorti l'année dernière), soit en s'aventurant sur les départementales plus tortueuses de l'alternative country en proposant des œuvres aux sonorités sophistiquées et modernes. Né de la rencontre avec la compositrice galloise Cate Le Bon, ici musicienne aditionnelle et productrice, ce treizième album nous présente un Wilco tentant de se raccorder sereinement à la seconde catégorie sans forcément égaler les grands disques du passé et leur sommet Yankee Hotel Foxtrot (1999). Mais que l'on se rassure, la formation de Chicago nous offre avec Cousin une nouvelle leçon de force tranquille, un album "grower" comme on dit, c'est à dire un album qui s'élève au fil des écoutes et laisse progressivement apparaître des beautés insoupçonnées et un goût de reviens-y.

La présence de Cate Le Bon – artiste dont nous apprécions beaucoup l'univers – a certainement su sortir Wilco de sa zone de confort, ce dernier confrontant ainsi sa routine musicale à une oreille neuve comme ce fut le cas avec Jim O'Rourke avant elle sur le sublime A Ghost is Born (2004), un album parfois strié d'expérimentations exigeantes prenant l'auditeur à rebrousse poil. Hormis peut-être le léger chaos sonore du morceau d'ouverture (Infinite Surprise), ces expérimentations se font aujourd'hui plus discrètes et semblent principalement servir à apporter cette petite touche Wilco en soignant minutieusement les arrangements garnissant le songwriting subtil et rayonnant d'un Jeff Tweedy toujours aussi inspiré. Entouré de ses fidèles acolytes, notamment Nels Cline à la guitare et Glenn Kotche à la batterie, celui-ci nous offre une collection de magnifiques dentelles folk qui nous accompagneront encore longtemps.