KEN mode

Après Null l'année dernière, voici Void, neuvième album des canadiens KEN mode et deuxième moitié d'un dyptique qui devrait asseoir la réputation de ce fameux groupe de noise-metal que l'on ne présente plus aux spécialistes de musiques dites extrêmes. Null and Void donc, "nul et non avenu" comme on dit en Droit pour signifier ce qui n'a aucun effet, soit tout l'inverse de ces deux albums aux effets dévastateurs et présentés comme deux facettes d'une même pièce écrite et composée pendant la période Covid et qui ressurgit aujourd'hui de la terre tel un mort-vivant stéroïdé près à en découdre.

Entre le post-metal d'un Neurosis (l'ample These Wires ci-dessous, premier sommet de l'album) et le post-hardcore d'un Botch ou d'un Knut (The Shrike) en passant par une grande déflagration incantatoire pouvant rappeler dans un premier temps le Swans des débuts (A Reluctance of Being, deuxième sommet de l'album), KEN mode assène ses coups avec une précision chirurgicale tout en ouvrant son jeu destructeur à une instrumentation plus riche.

Cette dernière est principalement due à la multi-instrumentiste Kathryn Kerr, nouvelle recrue de la formation depuis l'excellent Loved (2018) qui semble être à chaque nouvel album de plus en plus présente. Celle-ci officie à la fois au piano, au synthétiseur (le puissant instrumental We're Small Enough) et au saxophone (le solo hystérique de I Cannot) et vient de ce fait casser l'aspect exclusivement "métallique" de KEN mode afin de lui apporter de nouvelles textures voire un autre grain de folie créatrice. Pour le reste, on sait dans quelle galère infernale on s'est embarqué.