Après deux albums remarquables sortis l'année dernière, Aethiopes et Church, le rappeur new yorkais Billy Woods semble avoir le vent en poupe puisqu'il revient déjà avec un nouveau cru, et quel cru ! Cartographie kaléidoscopique d'humeurs introspectives et de beats multiples, Maps achève d'inscrire au fer rouge la place prépondérante qu'a progressivement acquis le MC au fil de ces dernières années dans le rapgame (ce dernier étant actif depuis vingt ans). Billy Woods retrouve ici le producteur californien Kenny Segal avec qui il avait précédemment collaboré sur l'excellent Hiding Places et nous régale d'un album tout aussi fragmenté et inspiré mais plus dense encore – Maps contient pas moins de 17 morceaux – et épaulé par plusieurs featuring fameux tels que Danny Brown, Aesop Rock, son acolyte ELUCID avec qui il forme le duo Armand Hammer et quelques autres.
Les albums de Billy Woods s'apparentent souvent à de longues traversées labyrinthiques dans un univers au flow mouvant et aux formes obliques, agglomérant et entrelaçant de nombreuses influences puisant autant dans le hip-hop old school (celui de Group Home, de Mobb Deep, du Wu-Tang Clan ou encore d'A Tribe Called Quest) que dans le jazz, en passant par la soul et les musiques percussives africaines, le rappeur ayant vécu la majorité de son enfance au Zimbabwe. Cette identité musicale protéïforme n'échappe pas à ce nouvel album multipliant les ambiances, les rythmiques et les textures tout en se présentant comme l'un des sommets de sa discographie. Maps est donc une énième confirmation pour les convertis mais aussi une porte d'entrée idéale au néophyte qui souhaiterait découvrir la magnifique palette de ce rappeur percutant, chaotique, inspiré et indispensable.
Chroniqué par
Romain
le 09/05/2023