On l'attendait et il est maintenant là, tout clinquant dans sa pochette rougeoyante n'annonçant rien de bon. On sait de toute façon que le trio chicagoan FACS ne caresse pas dans le sens du poil et que leur noisy rock venimeux nous brusque autant dans le corps par sa lourdeur pesante que dans la tête par sa répétitivité obsédante et maladive. Ce dernier cru n'échappe pas à la règle et reste notamment un témoignage flamboyant des capacités que peut avoir la sempiternelle formule guitare/basse/batterie lorsqu'elle est savamment utilisée. À la manière du trio culte de post-hardcore chicagoan Shellac, FACS a trouvé dans cette combinaison réduite la forme la plus percutante pour exprimer ses tourments intérieurs, et le moyen le plus efficace de nous y faire adhérer.
Traversé par la basse baveuse d'Alianna Kalaba, par la guitare tranchante et le chant détaché de Brian Case, et par la batterie impeccable et parfois alambiquée de Noah Leger, Still Life in Decay atteint de nouveaux sommets de puissance et de toxicité aidés en partie par la construction même de l'album qui fait monter la pression autant que la durée de morceaux hypnotiques jusqu'à un double final remarquable. Marque irréfutable des grands disques rock, Still Life in Decay donne l'irrépressible envie d'y retourner sans cesse en poussant le volume sonore à fond quitte à déclencher une guerre des voisins qui ne trouvera de négociation que dans une émission de Julien Courbet.
Chroniqué par
Romain
le 08/04/2023