Si Anbessa marque la première incursion d'Erik K Skodvin dans la composition de musique de film, cette direction nouvelle ne surprendra certainement pas les aficionados de l'œuvre de l'artiste. Créateur du label Miasmah et moitié du duo Deaf Center connu par ailleurs sous le pseudonyme Svarte Greiner, le norvégien développe en effet depuis près de 20 ans un univers musical possédant plusieurs atomes crochus avec celui du cinéma. Depuis ses deux albums Flare (2010) et Flame (2014), les pièces instrumentales d'Erik K Skodvin naviguent dans les eaux troubles de l'ambient, du drone et de l'électro-acoustique et savent toujours exercer un certain pouvoir d'immersion voire de fascination.
Anbessa est un documentaire de l'italo-américaine Mo Scarpelli brossant le portrait d'Asalif, enfant âgé de 10 ans chassé avec sa famille paysanne de sa campagne Éthiopienne à cause d'une sombre opération immobilière pour aller vivre en ville dans une maison en terre et dans une pauvreté extrême (plus d'informations à cette adresse). Usant de field recording – ici des sons directement issus du film –, de jeux de lumières sur des nappes tantôt inquiètantes tantôt lumineuses, de perçées fantasmatiques et percussives (Anbessa ci-dessous), les compositions enivrantes d'Erik K Skodvin habillent magistralement les thématiques humaines que semblent avoir ce documentaire et savent, isolées de tout visuel puisque nous n'avons hélas pas encore pu voir le film, donner corps à des images manquantes en réussissant à produire de pures images mentales. Et c'est forcément magnifique.
Chroniqué par
Romain
le 04/10/2020
