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Corey Fuller

: Break



sortie : 2019
label : 12k
style : ambient

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Tracklist :
1/ Seiche
2/ Lamentation
3/ Illvi∂ri
4/ Caesura
5/ Look Into the Heart of Light, the Silence
6/ A Hymn for the Broken
7/ A Handful of Dust

Quelques notes disparates hésitent tout d'abord à se lancer, ou du moins à former quelque chose qui s'apparenterait à une harmonie. Elles sont rejointes par une respiration, puis un chant succinct, par des nappes flottantes, puis un souffle lointain devenant bourrasques s'entrechoquant. La longue composition Seiche (ci-dessous) ouvre magistralement cet album et on reconnait bien dans cette subtile éclosion de sons cette attention particulière portée non pas sur la musique en elle-même mais sur ce qui la fait naître à partir de rien, du rien. "Le vase donne une forme au vide, et la musique au silence" disait Georges Braque.

Moitié du duo tokyoïte Illuha formé avec le japonais Tomoyoshi Date, l'américain Corey Fuller revient cette fois-ci seul sur le label 12k avec une œuvre masterisée avec un soin toujours aussi méticuleux par Taylor Deupree. Break laisse au piano une place tout aussi centrale que chez Illuha, l'instrument semblant être le cœur innervant tous les organes d'un album ambient protéïforme. Tantôt sensoriel dans ce qu'il a à nous offrir en terme de sculptures sonores immersives, tantôt émotionnel lorsqu'il ouvre l'abstraction de ses compositions fluctuantes à des mélodies plus claires et distinctes, cet album évoque autant Ryuichi Sakamoto avec lequel il a précédemment collaboré (Lamentation) que les notes éparses du Für Alina d'Arvo Pärt (Look into the Heart of Light, The Silence et ses boucles tournoyantes). Break offre à l'auditeur une forme d'errance mélancolique jamais plombante, l'accueille dans son refuge cotonneux à la chaleur enveloppante et l'invite à faire une "pause" ("break").

Le nouvel album de Corey Fuller est surtout une œuvre remarquable de sonorisation autour du piano, poursuivant le travail du duo Illuha et atteignant parfois quelques sommets lorsqu'il parvient à capter ce double aspect cher à tout instrument : celui d'être d'une part un émetteur de sons, de notes, de mélodies donc transmetteur d'émotions, et d'autre part d'être un objet ayant son propre corps avec toutes les aspérités, la matière et les mécanismes internes parfois défaillants que ça inclue. Ces derniers paraissent quelquefois usés par le temps comme en témoignent les craquellements du magnifique finale A Handful of Dust (ci-dessous), épave de composition engloutie qui s'embellit et émeut progressivement au fil de sa remontée. Quant à ce qui est résolument cassé ou fracturé, le compositeur décide d'en ériger un hymne (la belle A Hymn for the Broken).

C'est certainement la grande richesse de Break d'être un album trouvant le juste équilibre entre intensité émotionnelle et fragilité sensorielle, rendant autant compte de la beauté d'une musique sachant saisir l'insaisissable que de l'existence de toutes ces porosités et ces fêlures qui la façonnent et lui donnent vie.



Chroniqué par Romain
le 25/02/2019

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