Ça faisait un petit moment que nous n’avions pas eu de nouvelles de Mr Hosford, l’homme à « la coiffure la plus immaculée », comme le chantait Joseph Mount en 2014. C’est qu’il en a fait du chemin ! De sa petite île de l’autre côté du monde, jusqu’en Asie, en passant par les Etats-Unis où il a pondu quelques albums collaboratifs comme Myths 001 avec Dev Hynes ou encore Soft Hair avec Sam Dust. N’aimant décidément que peu travailler solo, il invite ici la voix à la fois ténor et profonde de James Blake sur le titre Momo’s.
Que nous vaut ce retour ? Jassbusters, troisième album en date, duquel se dégage une certaine sensualité. D’abord dans les parties chantées, mais également dans la composition des titres. Fait notable : la voix à nu est privilégiée sur cet album. Choix surprenant venant de celui qui auparavant masquait sa voix grâce à de multiples effets. Pour preuve le titre Last Night, à des années lumières vocales d’un Faking Jazz Together. L’esprit soul habite désormais Connan le barbare lover, qui n’a pas pour autant perdu son goût pour les morceaux fleuves (Charlotte’s Thong).
Cette sensualité voire sexualité transpire du casque au fil des huit titres. Et elle pourrait très bien s’inviter dans nos nuits les plus torrides, tant l’animal en a imprégné ses titres (You Can Do Anything, Sexy Man). C’est d’ailleurs une direction de plus en plus assumée dans les choix artistiques du natif de Nouvelle-Zélande. Ce qui pourrait le rapprocher de son cousin canadien Mac DeMarco. Mais l’artiste emprunte ici une orientation plus feutrée que l’homme à la casquette et à l’écart de dents. Dans une veine « motownienne » (B’nd), parfois même très inspirée du roi de la pop MJ tout-puissant (Con Conn Was Impatient), Mockasin s’affirme une fois de plus dans sa différence sur la scène pop indé mondiale, toujours à l’avant-garde des tendances futures.
Cinq ans après son album phare Forever Dolphin Love, Connan Mockasin remet donc en question les bases qu’il a lui-même établi. Sans pour autant nous désorienter, mais au contraire en nous charmant, l’artiste tend à créer une révolution dans sa musique ; une « love revolution ».