L’ensemble musical The Internet est un véritable ovni. D’abord par son nom : qui oserait appeler ainsi un groupe à la grande heure du réseau ARPANET ? Une bande de petits malins qui aime à “troller” ses détracteurs. Ensuite par sa structure : un ensemble jazzy-rock/nu soul dans lequel Syd Tha Kyd, la belle chanteuse et front-woman au look androgyne, nous raconte de sa voix douce et suave des histoires d’amours émotives et sensuelles (Mood, Hold On).
Membre historique du collectif OFWGKTA (“Odd Future Wolf Gang Kill Them All” ou plus simplement “Odd Future”) mené par le petit génie du hip-hop Tyler, The Creator, The Internet a depuis de nombreuses années étayé son style à la fois funky (Roll (Burbank Funk)) et r’n’b rétro 90’s (Stay The Night).
Leur quatrième album Hive mind (“mentalité d’essaim”, en françois dans le texte) leur permet d’assurer leur style r’n’b, tout en s’avançant un peu plus vers le jazz et la nu soul. Cette démarche les rapproche par moments de leurs contemporains de l’autre hémisphère Hiatus Kaiyote (Come Together en bel opener avec la basse Thundercat-esque de Patrick Paige II).
En live comme dans leurs clips, la bande délivre une fraîcheur dans ses titres, tant par les instruments (on apprécie la batterie de Christopher Smith sur Beat Goes On) que par le chant de Syd et du guitariste Steve Lacy, comme sur le titre festif La Di Da. Et sur cet album comme depuis leurs débuts, c’est la qualité de production de Matt Martians qui permet de livrer le potentiel maximum de chaque musicien.
On pourrait être tatillon et se questionner sur la maturité du groupe avec ce nouvel album. Mais The Internet assume complètement son côté “jouvenceaux joyeux et décomplexés” et s’empare de 2018 avec un disque complet et prometteur. C’est ce genre de formation dont on aime à voir la naïveté et la spontanéité aux travers de ses compositions. Et honnêtement, c’est tout ce qu’on leur demande.