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Low

: Double Negative



sortie : 2018
label : Sub Pop
style : Pop expérimentale

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Tracklist :
1. Quorum 2. Dancing and Blood 3. Fly 4. Tempest 5. Always Up 6. Always Trying to Work It Out 7. The Son, The Sun 8. Dancing and Fire 9. Poor Sucker 10. Rome (Always in the Dark) 11. Disarray

Ça commence fort avec Quorum, ses grandes vagues de bruit blanc comme neige venant s'écraser sur le rivage en imposant leur rythme, sa mélodie synthétique envahissant progressivement tous les canaux. Low est de retour et pas forcément là où nous les attendions. Mais à vrai dire, les attendions-nous quelque part en particulier ? Le trio de Duluth n'a cessé de tracer sa route en se fichant bien du qu'en-dira-t-on. Une route sans grand succès si ce n'est celui de l'estime, jalonnée d'albums apportant chacun une nouvelle pierre à un édifice 25 ans d'âge creusé dans le slowcore au début des nineties et ayant si peu montré de marques d'affaiblissement par la suite.

Il faut déjà rendre hommage à cette endurance là, la même que nous évoquions en début d'année pour Yo La Tengo, autre trio indie-rock américain culte ayant occupé trois décennies musicales, autre couple éternel comme noyau dur, ici Mimi Parker et Alan Sparhawk. Si tout sépare musicalement ces deux groupes, nous pouvons cependant déceler dans leurs dernières œuvres respectives le même atome crochu, à savoir un goût très prononcé pour la recherche de nouvelles textures sonores au détriment du format pop song. Des textures hier enivrantes chez Yo La Tengo, aujourd'hui abrasives chez Low.

Double Negative semble en effet emprunter les chemins détournés de la radicalité en s'aventurant dans l'expérimentation pure. Cette dernière est principalement le fruit de leur rencontre récente avec l'ingénieur du son B. J. Burton (qui a notamment travaillé avec James Blake et Colin Stetson) dont leur précédente expérience studio fut si concluante (l'excellent Ones & Sixes en 2015) qu'ils décidèrent de le retrouver une seconde fois, mais dans l'optique de pousser ces nouvelles aiguilles dans le rouge. Low accouche ainsi d'un monstre traversé de réminiscences cold wave, de drones fantomatiques, de beats technoïdes minimalistes, de voix trafiquées ad nauseam et de guitares électriques branchées sur les amplis Marshall de Spinal Tap. Néanmoins, ce qui aurait dû être une écoute harassante nous laissant sur les rotules, comme l'album Songs For a Dead Pilot avant lui, va se transformer en un ascenseur émotionnel d'une intensité renversante.

Après tout, derrière les machines malades et ses parasites, c'est toujours l'humain qui dicte sa loi, et Double Negative n'est pas sans rappeler à sa manière quelques grands disques pop mélancoliques d'une certaine froideur polaire écrits par des artistes aux cœurs tendres dans une phase créative frôlant l'autisme (Kid A de Radiohead ou Third de Portishead). Il y a en tout cas ici la même intransigeance, le même art du contre-pied, la même volonté de créer une œuvre "concept" cohérente. Il y a aussi les mêmes fulgurances mélodiques (la bouleversante Fly chantée par Mimi Parker) noyées dans le grand bain de l'électronique et de ses possibilités sonores infinies.

Peu de chansons se distingueront donc sur Double Negative, celui-ci préfère alterner les ambiances, de la noirceur la plus totale (Dancing and Blood, The Son The Sun) à la clareté (Always Up), de la bourrasque cacophonique (Tempest) au calme douteux (Dancing and Fire). Ce dernier cru est nourri de part et d'autre par des forces contraires qui se répondent d'un coin à l'autre de l'album, voire au sein d'un même morceau. Mais au-delà de cette dualité des sons, Double Negative est surtout affaire d'obscurité, cette même obscurité qu'Alan Sparhawk nous disait de ne pas craindre à la fin de l'album The Curtain Hits The Cast (Dark), cette obscurité qu'il faut aujourd'hui combattre. En témoigne ce trio final a contrario très rock et rythmique (Poor Sucker, Rome, Disarray), véritable déferlante électrique étant autant un échappatoire à la morosité ambiante qu'une réponse victorieuse aux forces négatives dévorant l'album depuis son ouverture. L'obscurité n'est finalement là que pour nous rappeler à quel point la lumière peut être aveuglante.



Chroniqué par Romain
le 14/09/2018

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