Le premier terme qui viendrait à l'écoute de cet album serait certainement celui de "foisonnant". Ce n'est pas étonnant puisque Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp n'est autre qu'un collectif créé il y a plus de 10 ans à Genève par un certain Vincent Bertholet et que celui-ci compte désormais pas moins de 14 musiciens choristes. Lorsqu'avec cela le groupe cherche à puiser dans moult influences extrêmement variées à la manière des français d'Aquaserge auxquels on pourrait en quelque sorte les rattacher, ce big band devient alors un joyeux bordel qu'il faut savoir canaliser, une locomotive massive qui doit bien négocier sa vitesse lors des virages pour ne pas dérailler.
Sauvage Formes esquive le piège du too much indigeste pour deux raisons. D'une part car l'album met en valeur des compositions aux formes certes sauvages mais finalement assez linéaires. L'enregistrement et le mastering de John Parish (PJ Harvey) tranche également dans ce qui aurait pu y avoir de gras et sait faire respirer l'acoustique de chaque instrument. D'autre part car chaque musicien tient ici une place importante, communique avec les autres tout en offrant une musique se retenant bien de devenir écrasante. Même les crescendos, quand il y en a (Blow), restent assez enlevés. C'est dans un va-et-vient incessant que l'Orchestre fait alors circuler ses sonorités allant voir autant du côté des musiques d'Afrique de l'Ouest (Across the Moor) que du côté de la pop expérimentale vaguement stereolabienne (Sous Mes Yeux) tout en faisant un petit tour par l'électricité foutraque (l'énervée The Unknown) et cuivrée de groupes post-punk tels The Ex et Dog Faced Hermans dont on retrouve ici le batteur Wilf Plum.
Une belle réussite donc, à écouter intégralement à cette adresse.
Chroniqué par
Romain
le 28/05/2018