The Ex

Entre le nouveau disque de No Age et le retour tonitruant des Hot Snakes, on peut dire que ce début d'année reste plutôt bien fourni en terme de brûlots punk rock d'outre atlantique, et les légendaires The Ex viennent tout juste d'enfoncer le clou de par chez nous avec un 27 Passports aussi assomant qu'incandescent. Imaginez déjà : 27, c'est déjà moins que le nombre d'albums que compte la discographie des néerlandais, c'est également moins que le nombre de pays visités lors de leurs innombrables concerts à travers le monde (près de 2000), et c'est beaucoup moins que leurs années d'activités et d'engagement depuis leur premier effort en 1980. Légendaires qu'on vous dit.

Ce nouvel album reste fidèle à l'identité d'un groupe qui a toujours brisé les murs séparateurs et traversé les frontières avec ou sans passeport, nourrit autant par le punk dans ce qu'il peut avoir de plus brut que par les nombreuses rencontres qui ont su alimenter sa musique rageuse et lui donner de nouvelles directions (le violoniste Tom Cora ou encore Tortoise). Il est certain que l'Afrique a eu son importance et que leurs rencontres avec des musiciens notamment éthiopiens a donné un nouveau souffle au quator, d'une part dans le mélodisme qu'acquièrent leurs riffs détraqués quasiment no wave, d'autre part dans la recherche d'une forme de transe via la répétitivité de percussions tribales sur la longueur. Foutraque, harassant mais pas tant que ça, 27 Passports réussit ce mélange des genres avec maestria. L'album est un véritable rouleau compresseur qui détruit autant qu'il hypnotise, conduit par de vieilles bêtes sauvages hirsutes au meilleur de leurs formes. Attention aux morsures.