Son précédent album, l'âpre et électrique In Film Sound (2013), nous avait laissé sur les rotules, la mâchoire décrochée par un dernier coup de griffes d'une artiste écorchée et précieuse dont l'état de santé mentale vacillante donne à ses œuvres toute leur intensité introspective. Shannon Wright qui disait il y a une paire d'années mettre un point final à sa carrière n'a pu faire autrement que de reprendre les armes afin de nous proposer ce Division et son artwork en forme de test de Rorschach. Rongées par de nouveaux maux secrets, l'américaine rentre ses griffes pour donner à sa neurasthénie musicale une dernière thérapie via une direction néoclassique où le piano est omniprésent, se fait brise ou bourrasque au gré des climats que prennent chaque chanson. Division est ainsi à ranger chaleureusement aux côtés de son album en duo avec Yann Tiersen (2005) et du beau Dyed in the Wool (2001) dans lequel Shannon Wright invitait les cordes du collectif Rachel's à sa table le temps d'un morceau. L'ensemble est fragile, constitué de huit pièces de chambre à la beauté éphémère, huit compositions susceptibles de s'effondrer sur elles-même à tout moment et ne demandant qu'à être réconfortées par des oreilles à l'écoute.
Chroniqué par
Romain
le 16/08/2017