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Arto Lindsay

: Ciudado Madame



sortie : 2017
label : Northern Spy
style : Pop / bossa / Experimental

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Tracklist :
1/ Grain By Grain 2/ Each To Each 3/ Ilha Dos Prazeres 4/ Tangles 5/ Deck 6/ Vao Queimar Ou Botando Pra Dancar 7/ Seu Pai 8/ Arto Vs Arto 9/ Uncrossed 10/ Unpair 11/ Pele De Perto

C'est peu dire que l'on est heureux de voir débouler dans les bacs un nouvel album solo d'Arto Lindsay après 13 ans de silence depuis Salt en 2004. L'un des francs-tireurs de la no wave (DNA, rappelez-vous) ne nous avait pourtant jamais quitté et avait même prêté sa voix suave à l'électronica des berlinois To Rococo Rot sur leur dernier disque Instrument il y a 3 ans. Le new yorkais poursuit discrètement son bonhomme de chemin au gré des rencontres qui le nourissent et influent sur l'hybridation de sa musique, et la ribambelle d'invités ayant participé à cet album ne fait d'ailleurs que le confirmer. Citons pêle-mêle le bassiste Melvin Gibbs et son groove quasi arythmique, le multi-instrumentiste Paul Wilson aux claviers ou encore le guitariste Patrick Higgins.

En soit, Ciudado Madame ne surprendra pas les aficionados de l'artiste tant sa recette s'inscrit entièrement dans la continuité de ses prédécesseurs. Arto Lindsay continue ici de bricoler des chansons schizophrènes se contortionnant étrangement, un pied dans la bossanova et l'autre dans l'expérimentation bruitiste pure et dure. D'ailleurs, à entendre les coups de cisailles qu'il assène à certains de ses morceaux (Grain by grain, Vao Queimar Ou Botando Pra Dancar, Uncrossed), ce dernier opus n'est pas sans rappeler quelques projets récents de Markus Popp tel Calidostópia! ou Voa, deux oeuvres partageant également ce goût particulier pour les mutations qu'elles font subir à la musique sud américaine dite "populaire". En résulte ainsi un album conciliant le chaud et le froid sans jamais devenir tiède, un album dans lequel pop brésilienne, drum n'bass cabossée, bidouillages azimutés, percussions tropicales, torsions et distorsions de guitare se taillent la part du lion.

Hormis quelques soubresauts bruitistes çà et là dont Arto Vs Arto, morceau dans lequel l'artiste se bat contre lui même dans un collage cacophonique de guitares dissonantes et d'éructations peu ragoûtantes, les excursions no wave ne sont plus qu'un lointain souvenir mais il paraîtrait bien que sa mince participation à cette mouvance arty new yorkaise (ce qui relève presque du pléonasme) n'était pas qu'une vilaine éruption cutanée de plus liée à la jeunesse. Arto Lindsay semble encore, et ici plus que jamais, travaillé par l'idée de créer de nouvelles sonorités ne caressant pas dans le sens du poil quand bien même celles-ci naissent sur la base d'une musique douce et enivrante. Sur Ciudado Madame l'enivrement a bien lieu seulement il provient d'ailleurs, d'un ailleurs indéfiniment contrasté où le mariage entre des sonorités contraires – douceurs et aspérités parasites – trouve une cohésion étrange. Comme ses prédécesseurs, Ciudado Madame laisse entendre une jungle musicale luxuriante dont les richesses ne se révèleront qu'à ceux souhaitant débroussailler sa nature sauvage et ses ronces épineuses.

Une fois n'est pas coutume, Arto Lindsay reste cet artiste insaisissable qui s'emploie à extirper de ses propres codes un genre aux lignes formatées, et lui donner avec cela l'appétit pour de nouveaux ingrédients certainement plus difficiles à digérer mais offrant par ailleurs des saveurs novatrices. C'est peut-être là sa façon à lui de définir la bossanova ("nouvelle vague") et surtout de la personnaliser en lui apportant sa propre touche de modernité. Comme toute forme d'avant-garde, son écoute ne se fait pas sans de violents accrocs et la sauce ne prendra pas pour tout le monde, mais il est encore bon de signaler la singularité du sillon qu'Arto Lindsay continue de creuser dans le paysage musical actuel avec l'éclatante réussite qu'est Ciudado Madame.



Chroniqué par Romain
le 20/04/2017

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