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Wooden Veil

: Wooden Veil



sortie : 2009
label : Dekorder
style : Folk / Industrial / Noise

achat/téléchargement

Tracklist :
01/ Red Sky
02/ Shiverings
03/ Moon And Hamburg
04/ Gravity Problems
05/ Wooden People
06/ Red Desert
07/ Bird Shaped
08/ Gloom Across The Ice
09/ Yingliss
10/ Church Scream

Parmi les outils utilisés dans les constantes opérations de défrichage que s’impose le mélomane moderne, certains doivent paraitre bien étranges aux yeux des plus anciens. Qui penserait un jour que nous laisserions des algorithmes défricher pour nous l’océan musical qui s’offre à nous ?

Clarifions le sujet. L’auditeur passionné et féru de musique qui lit ces lignes a surement à sa disposition un éventail bien fourni, de forums, blogs et webzines pour s’orienter dans l’intimidant maillage musical d’hier et d’aujourd’hui. Déléguant ainsi le défrichage à d’autres esprits, l’auditeur évite de se perdre dans des écoutes anecdotiques et, s’il s’entoure bien, peut espérer rythmer son année avec des découvertes réjouissantes. Mais bien entendu, il est toujours de bon goût de mettre la main à la pâte de temps en temps. Cette « pâte » n’est malheureusement plus votre disquaire du quartier, mais s’incarne dans ces bases de données brutes que sont Discogs, sa variante graphique Disco/graph, MusicBrainz ou encore Last.fm. Alimentés par d’obscures algorithmes, nous nous y déplaçons grâce au sacro-saint « tag », véritable fil d’Ariane dans le labyrinthe discographique.

Pourquoi une introduction si technique sur les méthodes de recherches actuelles ? Car l’œuvre ici chroniquée est, pour tout avouer, le meilleur résultat de ce qu’a pu donner une nuit d’errance dans les algorithmes de Last.fm. Ainsi, perdu dans les tags folk, psychedelic, industrial et/ou peut-être drone, un visuel pour le moins insolite retint mon attention. Le premier choc fut visuel : « De dangereux païens préparant un dangereux rituel » me disais-je.

Parlons du groupe en lui-même. Je dois avouer, la première fois, avoir préféré laisser s’épaissir le mystère et plonger les yeux fermés dans l’unique album du groupe (vous pouvez d’ailleurs laisser la lecture de ces lignes ici pour immédiatement écouter l’album si la seule vue de la pochette a piqué votre curiosité). Les membres du groupe ne sont finalement pas de parfaits inconnus pour les connaisseurs. Mené par Marcel Türkowsky et Hanayo, on note des apparitions dans de nombreuses formations kraut, et des collaborations, en ce qui concerne Hanayo, avec des groupes et artistes aussi prestigieux et renommés que les Red Krayola ou Merzbow. On suppose d’ores et déjà un appétit pour les sonorités les plus bruitistes. Ça ne rate pas. Que ce soit sur Shiverings ou sur l’incroyable morceau final Church Scream, les membres de Wooden Veil nourrissent une fascination presque maladive pour les murs de son assourdissants (chose encore mieux retranscrite dans les prestations live, aisément trouvables sur Youtube).

Cependant, n’allez pas croire que les 10 morceaux de l’album vont se contenter d’un chaos sonore monolithique. Quand rien ne gronde, c’est la voix mystique d’Hanayo qui prend le relais, vous permettant de reprendre un peu votre souffle avant une autre déflagration. C’est notamment le cas sur l’insolite Moon and Humbug, parenthèse électronique adoucie précédant le terrifiant Gravity Problems, où un vent spectral semble envahir la pièce, soufflant sur chaque instrument et suscitant hurlements et drones stridents. Mais rien ne retranscrit mieux l’alchimie trouvée par le groupe que Wooden People, morceau ventral de l’album où tout ce qui fait la singularité de ce collectif semble réuni.

Il semble presque ironique que ma découverte avec le groupe se soit faite via le biais de « tags », tant celui-ci semble échapper à la classification. Parlons de folk psyché, aux sonorités électroniques et bruitistes, habité par les chants japonais d’Hanayo, et soutenu par une rythmique tribale à la ferveur presque industrielle, sans évoquer les déroutantes résonnances country qui s’invitent discrètement sur Red Sky et Red Desert. Dans un monde où la classification semble prospérer, les étiquettes nous rassurer, Wooden Veil nous invite à abandonner ce rangement parfois absurde, tant rien ne semble suffire pour décrire pareil disque.

Si je devais cependant me risquer ne serait-ce qu’à une comparaison, ce serait sans doute avec l’incroyable First Utterance de Comus. Les deux œuvres semblent baigner dans un paganisme malveillant, mais ô combien fascinant. Malheureusement, les deux formations se rejoignent également par leur caractère tristement éphémère. Mais qui sait, une réapparition n’est pas exclue. Comus s’est finalement reformé 30 ans plus tard… Espérons-le, car rarement la prestation scénique ne semble prendre autant de sens que pour Wooden Veil, groupe s’érigeant comme une expérience à la fois visuelle, auditive et sensorielle.



Chroniqué par Éloi
le 25/02/2017

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