Gunplay

On y croyait plus mais cette fois il est là, l’album de Gunplay ! 3 ans d’attente et de promesses. Tenues ou pas ? C’est ce que nous allons voir…

Au vu du passif de l’énergumène ce ne pouvait de toute façon pas se passer autrement. Addict à tout ce qui se fume, s’inhale ou s’injecte de quelques manières que ce soit, Gunplay est l’un de ces talents incontrôlables. Son salut dans le rap jeu – et certainement pas que – il le doit à son pote Rick Ross, qui fait depuis la carrière que l’on sait. Comme quoi le talent ne suffit pas.

Inutile de déblatérer 40 ans sur les qualités de rappeur de ce dernier, ce n’est clairement pas l’intérêt de sa musique. Tout l'intérêt de Triple C, le groupe qu’ils formeront dés la fin des années 90, se trouve dans les prestations de Mr Morales. Puissant, charismatique et virtuose il attire instantanément l’attention dés ses premières lines. De par sa présence et son énergie le rapprochement avec Redman ou feu ODB est évident. Checker parmi ces freestyles où ils pulvérisent des instrus comme Guillotine Swordz pour vous en convaincre… Où ses collabs avec les illustres représentants de Queensbridge que sont Noreaga et Cormega qui semblent si naturelle...

Un peu trop vite catalogué au rayon nouveau rappeur débile à la Waka Flocka, Gunplay est donc bien plus que cela et serait plutôt un pont entre les générations.

Quoiqu’il en soit il faudra attendre 2012, une cure de désintox et quelques mixtapes pleines de titres chauds bouillants superbement clippés comme Jump Out, M1, Take This, Bible On The Dash, Pyrex...pour le voir émerger et signer chez Def Jam (avec certainement le concours de Rozay en sous main). Off Safety, Inglorious Bastard, 601 & Snort, Bogota Rich et Acquitted constituent l'essentiel de sa mixtapographie.

Et donc 2015 pour que ce véritable album voit le jour. 3 années de plus marquées par moult péripéties. Des embrouilles avec G-Unit, avec la justice, un vrai-faux changement de blaze… Le projet aurait certainement capoté sans les interventions – une fois encore - de son pote (ange)gardien de prison.

Les longues attentes accouchant souvent de déception, on aborde donc l’écoute avec une certaine appréhension. Appréhension renforcée par une dernière mixtape un peu baclé. Il est peut-être déjà trop tard…

L’autre interrogation concerne les ambitions de Def Jam. La question de limiter le projet à un Ep fut un temps posée. Gunplay a-t-il eu le champ libre ou a-t-il été contraint à des compromis ? Quelques titres ici et là faisaient plutôt peur…

Bon évidemment il a déjà fallu gommer quelques petites aspérités, rendre le truc un peu plus propre. On a bien sur des titres bourrins dans l’esprit rouleau compresseur MMG, convenus mais toujours efficaces, et quelques autres plus posé voire introspectif, peut-être les meilleurs en fait… Au final on perd peut-être ce petit excès d’hystérie qu’on lui connaissait... Ok on peut reprocher un tout un peu trop scolaire. Mais au final pas de réelles fausses notes, quelques tubes pourraient émerger et il aurait été injuste d’en demander plus. C'est pas de la pure mais on a quand même la dose.

Reste à voir si ses écuries feront le boulot derrière. Quand on voit ce Rick Ross a fait de rappeurs médiocres comme Meek Mill ou Stalley après tout pourquoi pas….