Orther Lives avec son Tamer Animals avait eu la bonne idée de dépoussiérer son propre passé et celui de la musique folk. De quoi être resté assez pantois à l’écoute de ce second opus. Il faut dire que le groupe conduit par Jesse Tabish avait poussé la barre assez haute en publiant un opus assez ambitieux associant une écriture moins linéaire de leur musique et une dose assez contrôlée d’expérimentation sonore. Un album très ambitieux qui pouvait laisser à penser qu’il flirtait avec une certaine arrogance. Mais sans véritablement provoquer les foudres de son auditoire car on l’a dit cela fonctionnait à merveille. Car il est salutaire pour un quidam qui évolue dans un registre folk de ne pas rester dans le sillage si confortable de ses prédécesseurs. Car dans le cas inverse, cela ne pardonne pas. Quand cela est fait avec un certain brio à l’instar d’un Fleet Foxes ou Midlake (première mouture), on ne peut que se contenter d’opiner du chef en levant le pouce très haut. Or à ce petit jeu Other Lives n’avait pas convaincu à ses débuts, on point d’en être condamné à jouer les seconds couteaux.... Jusqu’à sa mue effectuée en 2012.
C’est dire que la sortie de ce nouvel album cristallise un certain nombre d’attentes et d’appréhensions. Celle de ne pas tenir la cadence ou de dépasser le dosage au point de sombrer dans l’esbroufe. A ce petit jeu les avis sur ce Rituals sont partagés. Le quintet originaire de Stillwater en Oklahoma continue sa lancée en optant pour une production plus maîtrisée au point de maintenir la bride sur leurs nouvelles compositions. Au point de faire dans l’absence de spontanéité et de laisser un sentiment de froideur. Bref de faire dans le sophistiqué. C'est que Rituals, s'oriente d'avantage dans un registre pop athmosphérique.
Toutefois il est évident que la démarche n’est pas nouvelle. Et à ce titre on ne peut pas feindre l’étonnement. Car Other Lives ne fait que prolonger la droite que le groupe avait tracée dans le cadre de leur album précédent. Car ce qui ressort le plus de cette mue c est cette capacité à créer une atmosphère singulière. Loin des envolées démonstratives et maîtrisés d’un Grizzly Bear, Other Lives s’est affirmé en créant une musique abstraite par l’ambiance qu’elle dégage et par sa capacité à rester dans une retenue qui permet au mieux de servir le propos.
Other Live a un recours habile et peut être facile à la boucle insidieuse. Celle qui ne se remarque qu’une fois écoulé un nombre pharaonique d écoutes. De quoi faire dans le subliminal si on veut gentiment grossir le trait. De quoi séduire et hypnotiser l’auditeur par cette capacité à générer un tel degré de magnétisme. Il y a de quoi agacer l’auditeur avide d'échappées sauvages. Mais de quoi fasciner ceux d’entre nous qui ne peuvent s’empêcher de sombrer avec délectation dans des contrées à la frontière du rêve et du cauchemar.
