Le franc-tireur Sinier mourra peut-être un jour mais ne se rendra jamais, pas même à cet insupportable insuccès public aussi persistant qu'immérité - ce qui n'exclut en aucun cas, évidemment, l'existence d'un noyau très dur de fidèles déterminés. Mais stoppons là toute rancoeur pour nous concentrer illico presto sur l'essentiel : la musique du bonhomme. D'autant que la musique en question, sur ce Late Statues autoproduit, captive et empoigne - une main de velours dans un gant de ferraille - pour ne relâcher, à regret, qu'à l'instant où surviennent les derniers échos de l'ultime morceau.
Finalement, on n'a pas si souvent, dans une vie d'amateur de musique, l'occasion de suivre les pérégrinations soniques d'un artiste. Et ouais, entre dMute et lui, c'est plus de dix ans qu'on y roule ! Et à chaque nouvelle sortie, son lot de surprises sensationnelles.
Il est bien assez rare d''expérimenter ces troublantes sensations pour les mettre de côté froidement, d'autant plus lorsqu'elles viennent à ce point vous décalaminer les artères. C'est donc, une fois encore, sans aucune retenue qu'on vous vantera ici les déments mérites de ce septième long format, dense et intense, de Raoul Sinier.
Après des débuts à forte connotation "Richie D. James prêtant ses claviers à Kevin Shields", Ra a su petit à petit prendre son essor et trouver sa voix propre en empruntant la direction d'un extrêmement relatif apaisement pop dans lequel seuls d'indéfectibles pisse-froid s'empressent de voir un quelconque ramolissement.
Faudrait vraiment être le dernier des pourris de mauvaise foi pour trouver traces de molesses dans ces Late Statues, bousculées entre mélancolie et colère, toute deux la plupart du temps contenues, sous-jacentes, rendant chaque titre dix mille fois plus pertubant que n'importe quelle visqueuse démonstration de bourrinage électro-rock survitaminé.
Sinier porte à bout de bras son chant, comme d'autre leur dernière chance, s'y entendant à merveille pour porter l'estocade et frapper fatalement au cortex l'auditeur. Album à l'émotivité saillante, ce dernier opus confirme tout le bien que l'on pense de ce gars-là. Oui, une fois de plus ! Et alors ?
Chroniqué par
Yvan
le 20/04/2015
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