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Oren Ambarchi

: Quixotism



sortie : 2014
label : Editions Mego
style : Minimalisme / Musique électro-acoustique / Modern-classical

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Tracklist :
1/ Quixotism Part 1 2/ Quixotism Part 2 3/ Quixotism Part 3 4/ Quixotism Part 4 5/ Quixotism Part 5

Au grès d'une carrière remarquable, émailliée de collaborations prestigieuses et de recueils d'un minimalisme singulier, le percussionniste et guitariste Oren Ambarchi s'est hissé parmi les artistes les plus aventureux de ces quinze dernières années. La liste de ces compagnons d'arme est réellement imposante (citons simplement Christian Fennesz, Keiji Haino, Stephen O'Malley, John Tillbury et Jim O'Rourke) et donne un bel aperçu des formes diffractées que ne cesse d'épouser sa musique : qu'elle carresse du doigt la frontière insaisissable séparant l'improvisation et le free-jazz ou qu'elle opte (notamment sur ses ouvrages en solitaire) pour une sophistication extrême dont témoigne ses traitements micro-sensibles à la guitare ou sa manière savante de modeler l'acoustique et l'électronique.

Les compositions de l'australien sont semblables à des natures en perpétuelle éclosion, son travail consistant souvent à développer sur la longueur un motif imperceptible, soit pour l'emmener vers des contrées inconnues et à la beauté insoupçonnée (Insulation, Triste, In The Pendulum's Embrace), soit pour le plonger dans les braises fumantes du drone (Knots sur Audience Of One ou A Final Kiss On Poisoned Cheeks). Avec Quixotism - notion difficile à définir en français mais qui désigne un état entre romantisme béat et folle naïveté - le compositeur tente de fondre les forces contraires de son oeuvre en une seule, une oeuvre somme comme une mappemonde de tous ses rêves d'abstraction.

Quixotism, délivrée de toutes attaches au concret, traverse ainsi des lieux, des sphères de la musique contemporaine qui font échos aux natures contradictoires de la musique d'Oren Ambarchi. L'apport de l'Orchestre Symphonique d'Islande, capté à Reykjavik, rappelle ses accointances récentes avec la musique classique moderne et les expériences folkloriques du violoniste Eyvind Kang (présent sur le mouvement final de l'album), ses errements dans le Cologne post-90' au côté de Thomas Brinkmann lui donne l'occasion de relier certaines musiques de transe qu'il affectionne tant aux expérimentations de la techno allemande, enfin ses enregistrements au plus près des tâtonnements de Chris Cole et de ses micro-contacts ouvrent la musique d'Ambarchi à une intériorité quasi-autistique, qu'interrogeront encore les notes de piano de John Tilbury.

L'album présente donc en cinq mouvements, un pallier après l'autre, un aspect à chaque fois différent de l'oeuvre de l'australien, ouvrant la voix à de nouvelles sonorités tout en cherchant à conserver une cohérence certaine.

Au plus près du son, Quixotism poursuit le travail rythmique qu'Ambarchi semble avoir entamé avec l'excellent Sagitarian Domain en 2012. C'est un martèlement lointain (celui de brinkmann) qui nous accueuille froidement. Lors de cette première partie de 18 minutes, presque décourageante de concision, ce son va vite devenir le réceptacle à d'autres occurences sonores crispantes, celles-ci venant se greffer progressivement autours du noyau dur rythmique. Clairement, l'immersion dans cette nouvelle composition se fait ardue. En recquierant de l'auditeur une concentration relativement haute et exclusive, Oren Ambarchi carresse dans un premier temps dans le sens contraire du poil.


Il est toujours intéressant de suivre les motifs initiaux des compositions de l'australien dans leur parcours et de voir comment cet élément déclencheur va évoluer d'un point A à un point B au fil des nombreuses transformations subies. Des transformations parfois à la limite de l'imperceptible. Ici le tambourinement mécanique du début va lentement muter en rythmique jungle (part 3 et 5), en faisant même un petit détour vers la case kosmische (part 4). Il va tout simplement mener sa propre danse, une danse qui sera sûrement perçue comme plus difficile d'accès car moins ouvertement mélodieuse (et hypnotique) que la plupart des précédentes oeuvres d'Oren Ambarchi. Mais relâcher son attention, perdre patience serait passer à côté de cet album somme, que l'on imagine aussi de transition. De l'intimisme de chambre de l'ouverture aux plages finale, marqué par des arrangements plus amples, le voyage qu'offre ce Quixotism est une réussite totale qui ne fait que confirmer la place importante qu'Oren Ambarchi occupe au sein de la famille des grands expérimentateurs de notre époque.



Chroniqué par Romain| Mickael B.
le 03/11/2014

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