Tape est un groupe qui ne déçoit pas. Depuis plus de 10 ans, ils confectionnent une electronica douce et intime, tissant sur les cordes d'une guitare une électronique timide et touchante. Le silence en fait partie intégrante, ajoutant à leur composition un rythme doucereux, un air de rêve éveillé qu'on voudrait ne jamais quitter.
Abandonnant les rythmes jazzy qu'on avait pu entendre sur Luminarium, Casino se concentre sur ses mélodies et sur les textures qui les habillent, s'approchant au plus près de ses instruments, là où le son enveloppe par sa proximité et résonne, tout droit sorti d'un rêve, à l'orée de notre oreille.
Rarement leur musique n'aura été si pure, si sensible, et surtout si humble (Repose, peut-être le morceau le plus délicat de l'année). C'est une musique fuyante, insaisissable, comme lorsque le jour chasse nos errements nocturnes alors que l'on tente de s'y attacher.
Elle charrie ces souvenirs éphémères, effacés par le temps, dont on garde le goût mais pas la forme, et dans lesquels palpitent quelque sentiment oublié. Alioth, avec son piano désarmant et ses grésillements électriques, illustre clairement cette nouvelle direction, pleine d'émotions, marquante et pourtant équivoque, impossible à mémoriser.
Les mélodies sont toujours justes, et jamais l'album ne dévie de son esthétique crépusculaire, composant avec ses quelques instruments une trame discrète et obsédante, à laquelle on ne peut que revenir, encore et encore. Les Tape ont trouvé leur voix et continuent de tisser, en marge, en toute discrétion, l'une des plus belles discographies de ces dernières années.
Chroniqué par
Matthias Fuchs
le 21/10/2014