Lee Gamble

On attendait beaucoup de Lee Gamble. D'abord parce que son premier EP chez PAN, Diversions 1994-1996, nous avait retourné le cerveau sans crier gare, déployant une flopée de morceaux house décrépis jusqu'à l'os, mais surtout parce que son opus suivant,Dutch Tvashtar Plumes, nous avait laissé comme un goût d'inachevé.

Excellent au demeurant, il laissait néanmoins entrevoir l'énorme potentiel du bonhomme sans jamais vraiment transformer l'essai. Aussi, lorsque PAN annonce l'arrivée d'un double album majeur, inutile de dire qu'on l'attendait au tournant.

Lee Gamble étale ici tout son génie, au gré d'une heure et quart de dance music hantée, casse-gueule, ciselée avec précision en une IDM méconnaissable, ample et ambitieuse. Rappelant parfois Oneohtrix Point Never dans ses errements numériques, mais surtout l'Aphex Twin des Selected Ambient Work, l'album explore l'univers embrumé de la meta techno sans jamais s'y cantonner, passant volontiers par l'ambient, la musique concrète ou drone.

Titré KOCH, probablement d'après le médecin allemand Robert Koch, connu pour avoir découvert la bactérie responsable de la tuberculose, l'album confronte piste après piste cet héritage potentiel en infectant ses mélodies et rythmiques de bruit parasites, quand il ne sombre pas dans une léthargie drone implacable.

Malgré ces éléments, l'album se paie le luxe d'être souvent dansant, ludique, jamais prétentieux. On avait raison d'espérer ; après le monstrueux Miseri Lares, PAN lâche un nouveau pavé sur l'année 2014, un classique instantané qui demandera bien plus d'une écoute pour dévoiler tous ses mystères.