La Folk et le Rock prennent leurs racines dans le vieux pays américain, sur les routes poussiéreuses traversées par les trucks, dans les diners minables le long de l’asphalte, dans les stations services illuminées la nuit par un cow boy en néon qui s’anime sur deux images.
Symbolique du passé ? Peut être. Le space rock a débranché depuis pas mal de temps sa prise jack et pris de la hauteur, planant sur des riffs aériens, des synthés en toile de fond et des rythmiques plus douces…
The War on Drugs, groupe d’indie rock américain fondé en 2005 à Philadelphie, a sorti son nouvel album Lost in the Dream sur le label Secretely Canadian. Loin d’être leur coup d’essai en la matière, leur précédent opus Slave Ambient avait rencontré en 2011 à la fois un relatif succès populaire et l’acclamation de la critique.
Lost in the Dream...Cet album de 10 pistes porte effectivement bien son nom…d’une qualité instrumentale sans faille, les riffs, les accords et les notes nous entraînent dans les différentes étapes d’un sommeil paradoxal. Le groupe a pris un malin plaisir à ne pas utiliser tout ce qui fait la force du rock classique. Ici tout est diffus, tout est doux: un vrai écrin de satin blanc. Effet de voix, guitare étouffée, note longues, distorsion, pas d’attaques agressives. Tout est fait pour décrocher et pour se laisser plonger dans cette ambiance de sérénité…la voix du chanteur et leader du groupe Adam Granduciel a sur certain morceaux des accents de Dylan (Eyes to the Wind, Lost in the Dream et In Reverse). Mais un Dylan qui n’aurait jamais galéré de sa vie, qui oublie les protest songs pour des ballades sur la côte Ouest, pieds nus dans le sable.
The War on Drugs, c’est Springsteen et le E Street Band sans les hormones. Des musiciens énormes, une cohérence dans la musicalité, un son reconnaissable...mais on oublie la sueur, on oublie les poils. Tout se passe dans l’intellect. Une musique cérébrale, jouant sur les axiomes et les synapses plus que sur le cœur et les tripes. A partir du morceau Burning, l’énergie devient plus organique cependant, mais toujours évanescente, quelque part entre country folk et le space rock de Spacemen 3, période Playing With Fire.
Le groupe signe ici un album de grande qualité, qui marquera les amateurs du genre. Il n’est pas exempt de défauts non plus. Pour des oreilles profanes, du coton reste du coton, qu’il soit hydrophile ou naturel. L’album entier dans sa cohérence, en fait presque trop. On retrouve souvent les mêmes effets « ambiant pour de l’ambiant », avec le sempiternel bruit des vagues et du vent et ses côtés "pop", maitrisés au millimètre, peuvent lasser à la longue.
Mais ne boudons pas le plaisir d’entendre ce qui deviendra à mon sens un groupe qui continuera à compter sur la scène du space rock dans les années à venir.