Une rapide recherche google image suffit à donner un bref aperçu du chanteur canadien : Mac Demarco ne se prend pas au sérieux. Maquillé, à moitié à poil, sourire niais : Mac Demarco aime faire le zouave. Salad days, troisième album du musicien, est pourtant bien sérieux et est mené de main de maitre pas le jeune multi-instrumentiste.
Car, depuis le début de sa (jeune) carrière, Mac Demarco est aux commandes de tout : jetez un coup d’œil à la photo intérieure du livret, le canadien vit littéralement au milieu d’un mini studio d’enregistrement. Sa musique n’en est pas pour autant bricolée : après Rock and roll all nite et 2, Salad days explore une pop indé nostalgique tendance seventies.
Synthés surannés, guitares électriques surf décalées (comme chez Conan Mockasin), basse et batterie nonchalantes : la musique de Mac Demarco sonne d’abord cool et ensoleillée. Salad days, Let her go, Go easy : autant de titres au son pop parfait, construits dans ce cocon accueillant à l’inconscience juvénile. Mac Demarco, de sa voix impeccable, évoque l’insouciance et la langueur des jours d’été. Brother nous le suggère (« take it slow brother, let it go »): écouter les chansons de Salad days, c’est un lâcher prise en douceur, comme danser un slow un peu éméché en fin de soirée, le corps engourdi par une douce ivresse.
Ivresse des guitares électriques sur Goodbye week-end ou Treat her better, ivresse des synthés sur Passing out pieces ou Chamber of reflection : étonnamment, ces effets ne desservant pas la musique de Demarco, mais devenant sa marque de fabrique. Au contraire, cela nuance la nonchalance apparente des compositions pour y amener une nostalgie discrète et juste. Du dépouillé Let my baby stay au superbe Passing out pieces, on retrouve cette émotion contenue qui nous ramène à l’esprit les images des premiers films de Sofia Coppola et leurs histoires d’adolescence innocentes mais tragiques.
Drôle de décalage donc entre le personnage loufoque et déconneur et sa pop atemporelle, classieuse et lascive. C’est aussi ce qui fait le charme et le talent de Mac Demarco : jouer au clown en faisant une musique de dandy n’est pas donné à tout le monde. Salad days est la preuve que l’habit ne fait pas le moine et ajoute à la discographie du musicien une œuvre attachante entre spleen adolescent et douceur décalée.
Chroniqué par
Noémie
le 15/04/2014