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Huerco S.

: Colonial Patterns



sortie : 2013
label : Software Records
style : Tech-House / Techno-dub / Experimental

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Tracklist :
A1/ Struck With Deer Lungs A2/ Plucked From The Ground, Towards The Sun A3/ Quivira B1/ Anagramme Of My Love B2/ 'Iińzhiid B3/ Ragtime U.S.A. [Warning] C1/ Monks Mound [Arcology] C2/ Prinzif C3/ Hopewell [Devil] C4/ Fortification III D1/ Skug Kommune D2/ Canticoy D3/ Chun-Kee Player D4/ Angel [Phase]

Il aura fallu un bon moment pour prendre la mesure de ce Colonial Patterns, puis carrément trancher le noeud gordien d'un LP étonnament complexe, aussi aventureux que subtil, ambivalent et savant. Un album long en bouche.

Tout avait pourtant démarré de la plus tranquille des façons avec quelques EP — en tête un No Jack visé chez Wicked Bass Records — de petites choses tech-house faites proprement à la main, positionnant Huerco S. dans la lignée classique du genre, avec quand même une propension à la bizarrerie, aux ambiances lo-fi un peu tordues, un brin déglinguées. Une musique annonciatrice. Un avis de tempête à venir dans un crâne en fusion.
Fatalement, le moment de transformer l'essai en grand format arrivant, le petit gars du Missouri a visiblement craqué son cortex. Colonial Patterns relève d'ambitions dantesques portées par une idée directrice, sur le papier pour le moins fumeuse : forger sa musique au socle de l'Histoire de son pays, en s'inspirant notamment du travail architectural de la civilisation pré-colombienne installée bien avant les premiers colons dans le Midwest américain. En somme, se retoruner vers le passé, le ponctionner pour en recontextualiser quelques concepts et se projeter grâce à eux vers le futur. Une approche très folk, s'il en est.

Sur cette drôle de base programmatique, Huerco S. lâche donc les chiens, et déploie des talents impressionnants de designer sonore, mettant en forme son projet à travers toutes sortes de collages, sampling et autres dévoyages soniques, pour aboutir à un incroyable détournement des codes du dancefloor. On comprend à ce stade pourquoi ce rookie, débarqué du milieu DIY punk hardcore de Kansas City sur Brooklyn, s'est vu proposé pour son premier essai en long format une signature sur le déjà très select label de Môssieur Lopatin - Software Records - sur la simple écoute de quelques titres et la foi d'un coup de fil.
Effectivement, la musique de Huerco S. a toute sa place dans l'entourage de Oneohtrix Point Never, une musique oscillant entre du Basic Channel dépenaillé et un Actress polissé, ou l'inverse c'est selon ! Une musique techno littéralement déboussolée. A tel point qu'au premier abord, c'est l'agacement qui prédomine. difficile de pénétrer cet univers bordélique sans y voir une sorte de pièce mal montée, un gros pétard mouillé, bien trop malin pour être honnête. Et puis, persévérance quand tu nous tiens, sous l'apparente vacuité, ce vernis volontairement écaillé et ce qu'on a longtemps pris pour une bonne vieille crise de fausse modestie, la vérité, la sincérité et la sobriété du bonhomme l'emporte haut la main.

Compliqué à ce stade de savoir s'il s'agit d'un producteur de génie. En attendant, c'est face à un bel érudit que l'on se trouve, un sacré faiseur doté d'un pouvoir de séduction étonnant. Sur ces quatorze titres, il y a finalement un peu tout ce qui nous touche en musique électronique en ce moment : cette volonté assumée de perdre l'auditeur et ses sens dans un dédale de souterrains sonores tout en laissant poindre au loin une once de lumière.

Pour tout cela, on s'attache à ce disque. Tout y est idéalisé mais en biais, comme dans un rêve inquiétant, un songe sur papier froissé, un fantasme, jusqu'à ces titres - Cantikoy, Prinzif, Monks Mound, Fortification III...- qui renvoient à d'autres âges, aux croisement des civilisations, aux frontières des confins. Celles que ce jeune homme plein de talent, on le sent, se devra de franchir encore et encore pour définitivement transformer en or ses bonnes intentions. A en juger par le contenu de ce premier LP, l'issue est proche et assurément joyeuse. Bonne route à lui !




Chroniqué par Yvan
le 03/12/2013

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