Un simple coup d’œil suffit pour se rendre à l'évidence : sur le vaste domaine de la pop expérimentale moderne, les femmes prédominent ; Grouper, Julia Holter, Grimes, Fever Ray, iamamiwhoami, Laurel Halo, Motion Sickness of Time Travel, la liste est longue, éclectique, et d'une qualité constante.
Petite nouvelle et potentiel poids lourd à ajouter à cette liste, Katie Gately débarque avec un EP plein de promesses et de bruit, un an à peine après le début de sa carrière musicale. Un disque proprement ébouriffant, depuis son ouverture kevin drummesque (Ice) jusqu'à Stems, morceau de R'n'B amorphe digne d'un Mark Van Hoen ou Andy Stott qui bascule sans crier gare dans une distorsion enivrante.
Les changements de ton sont nombreux et toujours effectués avec grâce : Last Day, single en puissance, donne dans les rythmiques abrasives et les réverbérations subtiles pour un tube dance floor boiteux mais flamboyant, avant que Stings n'amorce un virage electronica intimiste plein d'émotions.
Point culminant du disque, Dead Referee confronte des chœurs envoûtant façon Julianna Barwick à un rythme trip hop en perpétuel éboulement, un mélange détonnant qui rappelle volontiers l'excellent premier volume du collectif Risil, Non Meters. Viennent enfin Left Half et son chant a cappella perdu dans un brouillard électrique du plus bel effet, puis le magistral Stems qui finit de convaincre du génie de cette artiste.
En tout juste six morceaux, Katie Gately nous convie à un voyage sonore d'une diversité et d'une cohérence rares, constamment surprenant, à la fois synthèse et amélioration de tout ce qu'on a pu entendre dans le domaine. La pépite cachée de cette fin d'année, assurément.
Chroniqué par
Matthias Fuchs
le 30/10/2013