MGMT

La rentrée musicale ressemble cette année à un festival de Cannes auditif tant les grands groupes qui ont émergé dans la décennie précédente se sont donnés le mot pour sortir en même temps leurs nouvelles livrées. MGMT avec son troisième album ne manque pas à l'appel, et le retour fracassant de la psyché depuis quelques temps en fait peut-être un des albums les plus attendus.

Pourtant, on est loin de la fête annoncée. Après deux albums à l'univers coloré et enchanté, le groupe produit un album au titre éponyme. MGMT se livre sans masque et le résultat est un peu désabusé. L'insouciance de la jeunesse est sur le point de disparaître, une mélancolie s'installe peu à peu dans chacun des titres.

En annonçant l'album avec Your Life Is A Lie, MGMT en présente les ingrédients principaux. Un rythme martelé et un chant à la Syd Barrett, une mélodie répétée à l'excès, et le titre présenté tel un slogan. Même si le clip est aussi exubérant et hype que celui de Flash Délirium, plus question de jouer sur l'onirisme. C'est un véritable travail de démystification qui s'opère. Notre vie n'est qu'un mensonge, derrière le rêve le principe de réalité s'installe.

Mais avant d'arriver à ce titre, il est important de suivre l'ordre qui nous est proposé. Avec Alien Days en ouverture, on a l'impression d'entendre un titre supplémentaire dans Congratulations. Même travail sur la voix, même guitare folk, mêmes sonorités électroniques capables d'englober tout l'espace sonore. Bref, à la fois ce qui nous plaît dans MGMT tout en regrettant le son plus épuré de l'époque de Oracular Spectacular. Alien Days est donc la ballade psyché idéale pour nous entraîner dans ce nouveau chemin musical. Mais, on oublierait ainsi trop vite l'inquiétude qui nous saisit lors des trente premières secondes. Une voix accélérée, qui ralentit avec un léger trouble avant de disparaître devant cette ballade. Ne serait-elle pas tel un gardien aux portes de cet album, nous avertissant qu'il ne faut pas se fier à la trop apparente répétition des mêmes recettes ?

Les deux titres suivants amorcent ce tournant. Un son plus grave s'installe, plus pesant, en tout cas moins édulcorée. Même si la voix est la même, l'ambiance en est changée, la rêverie côtoie à tout moment l'oppression.

Paradoxalement, c'est à l'occasion d'une reprise qu'on retrouve un ton plus serein, une douceur propre à MGMT. Grâce à Introspection du groupe psyché Faine Jade issu des sixties, le dialogue avec cette tradition continue, ce qui n'est pas sans rappeler l'hommage à Brian Eno, ce créateur inépuisable de sons, dans l'album précédent.

Juste après Your Life Is A Lie, une série de chansons approfondit la langueur de cet univers, langueur qui prend des allures cosmiques dans I Love You Too, Death, des titres aux sons électroniques et lointains. Mais avant de finir par An Orphean Of Fortune, morceau lent et pesant, Plenty Of Girls In The Sea nous offre une psyché pleine de joie et d'entrain, signe que les MGMT n'ont pas renié ce qui a fait leur succès. Le temps de l'innocence est fini, mais après ce sevrage une nouvelle forme d'insouciance peut encore être explorée.