Juicy J

Même couronné d’un improbable Oscar pour le titre It’s Hard Out Here For A Pimp avec son groupe Three 6 Mafia, Juicy J ne semble pas avoir la reconnaissance qu’il mérite. Pionniers d’un dirty south hyper glauque et excessif, leur radicalité n’aura jamais permis une véritable sortie de l’underground. Malgré tout, leur influence sur le rap game est conséquente, et c’est surtout maintenant qu’on s’en rend compte.
Car si l’originaire de Memphis profite aujourd’hui d’un renouveau lancé par la nouvelle vague, c’est qu’elle reprend pas mal d’éléments dont la paternité peut lui être attribué, au moins en partie. Elle est finalement une continuité de ce qu’il a pu produire par le passé avec DJ Paul. Et ce n’est pas un hasard si T6M se retrouve systématiquement cité aux côtés des NWA, Wu-Tang Clan et autres Bone Thugs-N-Harmony par la jeune génération de rappeurs.

C’est donc accompagné des principaux protagonistes de cette énième nouvelle école que Juicy J tente aujourd’hui d’émerger. Les choses ont commencé à se faire avec les mixtapes Rubba Band Business et Blue Dream & Lean, sur lesquelles apparaissent notamment Wiz Khalifa, qui le signe dans son écurie pour la sortie de Stay Trippy.
Ce troisième album solo doit être celui qui le fera entrer pour de vrai dans le business du rap. L’apparition très réussie de Justin Timberlake sur The Woods va dans ce sens. Tout comme celle de The Weeknd, nettement moins convaincante. L’aide des beatmakers du moment Lex Luger, Young Chop et Mike Will Made It est elle aussi déterminante.
Passé ces quelques choix à faire bouillir les plus hystériques des puristes il reste quelques fautes de goût, comme ce Talkin’ Bout avec un Chris Brown dont la seule œuvre digne d’intérêt aura été de mettre une tête au carré à madame – Il est vrai que le front proéminant de cette trainée donne envie d’y taper dedans – ainsi qu’un couplet dégueulasse du brailleur cherokee Yelawolf.
Pour le reste c’est un quasi sans fautes ponctués par quelques tubes clippés comme Bounce It, parfait pour les clubs avec son refrain autotuné, Bandz A Make Her Dance avec Lil Wayne et 2 Chainz ou encore Show Out.
D’autres titres apportent un peu de diversité à la tendance trap clairement affichée comme le soulful Wax ou le plus classique So Much Money. Smokin’ Rollin’ et No Heart No Love font quant à elles participer le défunt Pimp C et le frangin Project Pat. On retrouve évidemment le mécène Wiz Khalifa, ainsi que la nouvelle star qui peine à décoller A$ap Rocky.

Au final peu de reproches à ce disque maitrisé et surtout efficace. On savait à quoi s’attendre musicalement vu la tournure des évènements mais la personnalité et le phrasé attachant de Juicy J sont toujours là et font encore la différence. A moins d’être stupidement allergique à ces nouvelles vibes trap… Bref Stay Trippy devrait parfaitement accompagner votre fin d’été.