Gold Panda

A l'instar de James Blake, Jamie Woon ou Mount Kimbie, le britannique Gold Panda est parvenu à capter et redéfinir l'esprit d'une époque qui ne cesse d'enchevêtrer les genres et de repousser les frontières de la pop jusqu'aux sphères de l'expérimentation. Après le séminal Lucky Shiner, son nouvel album Half Of Where You Live est un des plus dignes représentants d’une certaine nébuleuse de producteurs en effervescence qui marque dans le domaine des musiques électroniques une réelle évolution par rapport aux sons produits durant la décennie 00’s. Essayons d'y voir plus clair en analysant les caractéristiques de cet album.

Commençons par ce qui se remarque le moins pendant les premières écoutes : le travail sur les mélodies. En effet elles sont assez déroutantes, multiples et entrelacées. Car malgré leur grande beauté formelle et structurelle, ce ne sont pas des mélodies évidentes qui évoqueraient quelque chose de familier durant les premières écoutes. Il leur faut une oreille qui sait prendre le temps de comprendre ce qui se joue là. Mais quand elles se déploient, quel sentiment d'élévation dans le dépaysement! On est comme porté librement sans contrainte à découvrir les méandres d’un univers étonnant, entre beat music à base de samples et electronica onirique. Il suffit d'écouter des morceaux comme An English House, Brazil, We Work Nights, Flinton ou encore Reprise.

Il faut aussi se pencher sur le travail sur les rythmiques, dynamiques voire très, comme sur Junk City II, sans pour autant être calibrées pour la danse et encore moins le dancefloor. Sachant aussi que sur certains morceaux elles sont très discrètes. Jetez par exemple une oreille sur le serein S950.

Enfin remarquons le sens des textures des sons, du mix et d'arrangements délicats et très soignés qui pourtant ne manquent pas d'une certaine radicalité. Et c'est cette radicalité qui permet à l'ensemble de se situer et se tenir dans l'essentiel. C'est à dire comme un album qui émerge en ce début de décennie, en est représentatif et a ses chances de lui survivre.

Comme le suggère aussi Gold Panda lui-même qui insuffle une large part autobiographique à ses disques, sa musique est faite en grande partie de voyages et a été modelée par le sens de l’aventure et pendant des tournées dans le monde entier. Ainsi Junk City II fait directement référence à Tokyo, à laquelle Gold Panda voue une grande passion (de même que pour l’Extrême Orient en général) et où il a vécu pendant un an. Cet aspect très autobiographique finit de donner un cachet assez intimiste à sa musique. C'est en même temps un de ses aspects les plus originaux et attachants.

Pour résumer c'est un disque étonnant par sa façon très singulière d'allier une fraîcheur et une maturité surprenantes et parfois franchement impressionnantes. C'est par exemple un disque à écouter une soirée d'été, détendu, entre amis car distillant des ambiances sereines, qui ouvrent de l'espace et sont propices à une écoute d'ambiance ou peut être aussi seul, au casque, pour en explorer toutes les subtilités et voyager loin, très loin...

Morceaux à écouter en premier : Junk City II, An English House, Brazil, Flinton et Reprise (qui clôt l’album avec un sample de voix et des nappes carrément sublimes).

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