Les somptueuses recherches du duo nordique sur une musique électronique qui ne connaitrait aucune limite spatio-temporelle continue allègrement sur ce nouveau double Lp :
Blomma (
"Fleur" en Suédois). Et on peut remercier le label
Cocoon Recordings d'avoir endossé la tenue de pépiniériste et su mettre dans de bonnes dispositions ces drôles de loustics qui, on le sent bien, ont eu les coudées franches pour mener à bien ce projet pharaonique (chaque plage oscille entre huit et quarante-cinq minutes pour plus de deux heures trente de pure frénésie fantasmagorique).
Les
Minilogue reconnaitront aisément la chance qu'ils ont d'être si bien lotis, comme ils savent certainement à quels points leurs expérimentations seraient menacées, orientées au sein d'autres organisations qui, contrairement à la maison Väth, ont perdu tout sens du long terme et de la patience. Comment rétrospectivement ne pourraient-ils pas voir dans la musique contemporaine ce recours systématique aux mêmes formats, mêmes méthodes de travail, mêmes matériels de productions, comme ce qu'il est intrinsèquement : un aveu d'impotence, un constat édifiant d'effroi devant les courants anthropophages de la hype et le risque de mise en [CAC]quarantaine.
Alors que, pourtant, à travers le globe, les idées fraîches et les agencements sonores inédits sont à portée de main, triturés ici et là dans des laboratoires qui ont su garder la tête hors du bocal. Cocoon malgré son grand âge en est ... La sortie de ce disque permet de le rappeler, et franchement, ça va bien mieux en le disant !
C'est aussi pour Minilogue, l'occasion avec ce ce deuxième album, éblouissant et limpide une fois encore dans sa dichotomie "dancefloor/ambient" de s'inscrire durablement dans la liste des réformateurs de talent : dans un foisonnement de sonorités, de rythmes étirés à l'infini, acides et psychédéliques à souhait, le canevas chimérique tissé par le duo viking allie field recordings, dub techno tubulaire et minimaliste, fugues ambient de Moog spatiaux et de Rhodes en folie pure et douce.
C'est alors, vous l'aurez compris, toute la suavité du transport proposé qui prédomine. C'est cette sensation d'immersion calme et gracieuse dans un océan cosmique à l'onirisme sans bornes (les phases d'improvisations sont légion comme les références aux parrains teutons du genre, on vous fera grâce du name dropping habituel !) qui reste la grande affaire de ce disque.
Avec en marge de tout ça, l'impression d'assister en temps réel, allongé en son sein, à l'éclosion d'un gigantesque champs de fleurs multicolores. Une sacrée tisane ce disque, promis ! Un délice !
Chroniqué par
Yvan
le 16/07/2013
