Avec son air de ne pas y toucher Scout Niblett en a surpris plus d'un. Grâce à son précédent opus justement intitulé The Calcination of Scout Niblett, Niblett s’était imposée dans l’art de construire des brûlots. Ce nouvel opus place la barre encore plus haute en lui permettant de dépasser le simple climat de tension. En devenant poète d'une certaine façon. Car ce qui marque ce It’up to Emma c’est ce doux parfum de poison.
Car on est captivé par cette aura incandescente tel le papillon de nuit attiré par la lumière d’une lampe de chevet. Mais à trop s’en approcher on finit par se brûler les ailes. À trop goûter de cette musique on risque fort de mourir. Certes avec l’extase qui caractérise l’état du mâle avant de se faire décapiter par sa femelle de mante religieuse. Mais de se calciner quand même. Un disque magnifique, une perfection, avec en point d’orgue le saisissant, et on en la chair de poule à y penser, "My man". Un disque rassemblant neuf incantations. Neuf histoires. Neuf douleurs. Car ce qui dissocie Scout Niblett de ses congénères c’est cette manière de construire sa musique sous la forme d’incantations mystiques ou amoureuses.
Là ou PJ Harvey savait nous briser le cœur avec ses suppliques ou Shannon Wright avec ses cris de rage, Niblett a créé sa propre caractéristique en érigeant chaque titre sous la forme d'incantations plus marquantes et plus belles les unes que les autres. The Calcination... avait été déjà salué comme un grand disque. Avec ce nouvel opus, Scout Niblett va encore en surprendre plus d’un en s’installant au sommet. On aurait juste parfois voulu une production qui accentue d'avantage cette ambiance vénéneuse. Certes le traitement effectué n’enlève rien à la qualité de ce disque, mais donne parfois un aspect un peu neutre à notre goût. Mais nous pêchons pas excès de perfectionniste, car il s'agit d'un grand disque.