C'est au beau milieu de ce
Transsektoral, tandis que le duo allemand
Barker & Baumecker déplie sans la froisser sa énième vision de la techno d'aujourd'hui que tout est devenu clair : et si la seule raison d'être de cette musique c'était d'apparaitre ainsi, jouée par goût du travail bien ciselé. Une musique sous la coupe d'un impeccable savoir-faire, mise au service de nos envies de bombances sonores et aguichantes.
Il existe finalement peu d'univers musicaux aussi surement finis que celui qu'on découvre sur ce dernier Lp étiqueté
Ostgun Ton. D'un autre côté tout le monde n'a pas un
Ben Klock ou un
Marcel Dettman comme phare dans sa nuit, ni tout un Berghain à dispo pour fignoler convenablement sa besogne.
Barker & Baumecker font partie de ces bienheureux : leur disque comme égaré au milieu de la production électro mondiale s'échappe presque sans le savoir d'un troupeau technoïde lui-même un brin à l'ouest !
Transsektoral, une réussite donc. Et pourtant la démarche ultra technique sous tendant sa création avait tout d'un abominable piège. A travers un tel travail de stylisme sonore, minutieux, par trop révérencieux diront certains, aventureux assureront d'autres, l'âme du projet aurait pu se flétrir pour disparaitre totalement, englouti sous le concept et la folie des grandeurs de ses géniteurs. Heureusement ce n'est pas le cas, loin s'en faut. L'équilibre, certes précaire entre délicatesse, intelligence et démesure est préservé du début à la fin ; c'est d'ailleurs avec les honneurs que les deux producteurs bouclent leur tour de force, sans fanfaronner outre mesure, finissant même par nous transporter loin, très loin.
Sublime et vivant, éclectique et atypique, cet album résonne de mille façons, tel le manifeste de deux bonhommes qui longtemps dans l'ombre ont scruté par le prisme de la techno tout un pan de la musique électronique, de la Sainte Trinité
Atkins/Saunderson/May à
808 State, du polymorphe
G. Scott Herren à
Cylob, pour en sortir leur propre langage. Beau geste ma foi !
Chroniqué par
Yvan
le 27/12/2012