On avait croisé DJ Scientist au hasard d'une tournée européenne de Ceschi et 2Mex il y a tout juste trois ans, et on avait découvert un digger allemand passionné, à la tête d'un label, Equinox, en pleine expansion, affichant des artistes confirmés dans ses rangs (2Mex et Ceschi donc, mais aussi Sole).
S'il avait brillamment produit le One Man Band Broke Up de Ceschi, ainsi que le tube avec 2Mex et AWOL One Same Old Love Song, il n'existait alors aucun travail de Scientist en long format et véritablement accessible, son EP de 2006 Journey Goodbye ne tournant que trop peu (on retrouvera dans le présent album l'excellent titre Autumn Leaves). For Better For Worse regroupe donc six années de travail, de 2001 à 2006. Et pour les novices, une liste des albums références du DJ suffira à donner le ton : Les Cycles de Thanatos de Vortex, Tago Mago de Can, Psychonaut de Brainticket, Electrip de Xhol Caravan... Un bon cocktail de génie sous trip. Notons également les classiques plus attendus comme Endtroducing de DJ Shadow, l'excellent Soulmates de Nobody, Fear of a Black Planet de PE...
Beaucoup de ce qui est dit dans la chronique de A World Without est valable ici : les amateurs du hip hop du 2nd Class Citizen aimeront celui de DJ Scientist. L'Allemand reproduit le schéma de la plongée dans les fins fonds des 70's, ambiance forcément krautrock, psychédélique, parfois blues, bref, un univers d'un autre temps, parfaitement anti-catchy. Tout tient dans l'ambiance : c'est là le moteur du hip hop instrumental. Tout particulièrement, voilà sa capacité de survie, ayant moins de marche de manœuvre qu'un disque de hip hop classique capable lui de s'en tirer avec quelques hits dissimulés ici et là. Non, consistance exigée, pas de temps morts, cela relève du test infaillible pour un beatmaker.
Sans être brillant, Scientist propose un hip hop instrumental de qualité, pouvant se révéler d'excellente facture dans certaines conditions d'écoute, faisant l'effet d'un retour d'acide : inattendu, rarement désagréable, bref, une bonne surprise à peu de frais.
Chroniqué par
Lebowski
le 31/10/2012