Depuis
Dirty Dancing - le disque de
Swayzak, pas le film - j'ai toujours pensé que leurs différentes sorties se présentaient en quelques sortes comme les instantanés inachevés d'un futur disque réussi. Un disque dont la naissance serait probablement soumise à la mort de leur auteur. Sans vouloir trop la ramener, il semblerait que pour le coup j'ai mis dans le mille.
Le duo tech-house made in UK perd donc ses voyelles,
David N. Brown quitte
James S. Taylor (ou l'inverse, c'est selon). Et avec un naturel sidérant, le premier fait table rase du passé, mettant son génie obsessionnel du rythme au service du déboussolage de nos sens en émoi, nous laissant exsangue sous les infrabasses, après avoir jeté au feu la malle de nos souvenirs. Ceux plutôt agréables d'une tech-house downtempo (
Snowboarding In Argentina, une belle claque tout de même !) aqueuse et radieuse qui faisait à l'époque la nique au tout
Perlon réuni, remplacée ici par ce monolithe noir et suintant, techno minimale brute de décoffrage et bien heureusement totalement jouissive.
Assurément taillés pour les soirées interlopes berlinoises (la signature chez
Tresor prend alors tout son sens), chacun de ces dix titres progressent de neurones en neurones, à coups de basses fréquences, accélérant et précipitant une étrange alchimie corticale. Sensation incroyable de voir se transformer son cerveau en éprouvette cornue de laboratoire clandestin.
Cette musique est en effet fascinante au plus haut point - il faut s'infliger l'entêtant triptyque
Dimanche Noir / Neuköll Mon Amour / Meatpackers Memorial pour toucher la grâce d'un morceau comme
Marianne F. Elle résonne comme une épiphanie industrielle et métallique (
End Of the Line Old Boy, épique !)un brin morbide et pourtant, il semble que chacun de ses tressaillements mécaniques parviennent à régénérer, remettre en selle des fragments de subconscient bien trop enfouis. Ainsi au fil des écoutes et de l'écriture de ce billet, dans un état second, secoué par le vrombissement de sub-bass hybrides et débridées, on sent se rapprocher l'essentiel, une sensation presque oubliée : le goût d'une techno pure et dure, sans réelles fioritures, que sans crier gare, David Nicholas Brown aura réussi à ressusciter.
Swayzak est mort !!! Vive S_W_Z_K !!
Chroniqué par
Yvan
le 24/10/2012