Avec son look énervant de jeune folkeux hype,
Patrick Watson partait avec beaucoup d’handicaps. Pourtant une chose est sûre, son nouvel album est une perle rare. Dieu sait qu’on a pu ces derniers temps parler de chef-d’œuvre. Même si ce mot a eu tout son sens au moment où ce dernier a été figé dans le marbre, Dieu sait aussi que s’il ne fallait retenir qu’un disque pour une telle appellation, cela serait cet
Adventures In Your Own Backyard. Et de très loin.
Avec ce quatrième album et cette première signature avec le label Domino, le Canadien signe son plus grand disque et de très loin. Finis les albums maniérés et leurs compositions
lo-fi, au charme quelconque. Place à la grande musique. Attention,
Patrick Watson, n’ambitionne pas de révolutionner le genre à l’image d’un de ses congénères tel
Sufjan Stevens qui a réussi cette folie de produire un électro folk baroque et surréaliste avec son magistral
Age of Adz, en forme d’ode ultime à la hype et à l’avant-garde. Non,
Adventures In Your Own Backyard n’augure pas du côté du mélange fascination / haine et encore moins sur le terrain de l’avant-garde. Mais ce n’est pas grave.
Avec son look de cycliste des années 80, fils caché d’un
Greg Lemond , le Canadien à la casquette fait avec de vieux pots, l’une des meilleures cuisines de ce début d’année 2012. On est dans le registre d’une pop au charme désuet, de la country rock des années 60 (
The Things We Do), de l’americana (
Adventures In Your Own Backyard), du baroque, de la pesanteur ou de l’onirisme fantasmagorique (
The Things you Do).
Neil Young n’est jamais loin.
Gainsbourg non plus :
Melodie Nelson en avait déjà inspiré plus d’un à l’image de
Beck pour son album post déception sentimentale
Sea Change ou
The Divine Comedy pour son
Regeneration. Ici c’est au tour de
Morning Sheets de reprendre le flambeau de l’homme à la tête de choux. A d’autres endroits, on rencontre
The Arcade Fire au détour d'
Into Giant, on semble deviner
Anthony and the Johnsons,
Grizzly Bear ou
Timber Timbre (
The Things We Do), autres congénères avec qui on peut désormais l'installer dans le panthéon des artistes qui ont su nous tirer vers le haut et nous faire goûter à nouveau à la grâce.
Dieu sait que l’on pourrait continuer à voir dans ce disque la présence de tant d’autres. Mais cela ne serait que se fourvoyer dans une démarche qui ne consisterait qu’à ne voir que de simples détails. Or ce qu'il y a de génial avec
Adventures In Your Own Backyard, c’est finalement de gouter son plaisir sans vouloir absolument l’intellectualiser. De la musique et rien d’autre. L’essentiel est là.